Coup juridico-politique au PDCI-RDA : Mme Valérie Yapo demande la suspension de Tidjane Thiam, la mise sous tutelle du parti et propose un nouveau président
Ce vendredi 28 mars 2025, une audience pour le moins inattendue s’est tenue dans la salle Nanan Appindrin du Palais de Justice d’Abidjan. À l’origine convoquée pour examiner une demande de suspension d’une sanction disciplinaire, elle a pris une tout autre tournure. Mme Valérie Yapo, ancienne cadre du PDCI-RDA, a ouvert un nouveau front judiciaire : elle demande la suspension du Président du parti, M. Tidjane Thiam, la mise sous tutelle du PDCI-RDA, et propose la nomination d’un administrateur provisoire en la personne de M. Aouzi Jules.
De la discipline à la politique : une demande qui évolue
Rappelons que Mme Yapo avait initialement saisi la justice pour demander l’annulation de la décision du Conseil de Discipline du PDCI-RDA, qui l’avait suspendue de ses fonctions. Une audience au fond est prévue à cet effet le 24 avril 2025. Dans l’attente, elle avait introduit une requête en référé pour demander la suspension provisoire de cette sanction, afin de retrouver ses droits de militante et participer aux activités du parti.
Mais entre-temps, le Président Tidjane Thiam a levé la sanction. En droit, cela rendait sa demande initiale sans objet. Or, au lieu d’en rester là, Mme Yapo a modifié ses prétentions en pleine audience. S’appuyant sur les dispositions légales permettant d’adapter sa requête tant qu’aucune décision n’a été rendue, elle a reformulé sa démarche en une offensive politique d’envergure, cette fois directement contre la direction du parti.
Contestation de la légitimité de Tidjane Thiam

Devant le juge, Mme Yapo a affirmé que l’élection de M. Tidjane Thiam à la présidence du PDCI-RDA serait irrégulière, entachant ainsi toutes les décisions prises sous son autorité, ainsi que la mise en place des organes actuels du parti. Elle demande donc :
1. La suspension de tous les organes mis en place par l’actuelle direction ;
2. La suspension immédiate de la qualité de Président du parti de M. Tidjane Thiam ;
3. La nomination d’un administrateur provisoire, en la personne de M. Aouzi Jules, chargé d’assurer la gestion du parti jusqu’à l’audience du 24 avril.
Une tentative de mise sous tutelle du PDCI-RDA
Cette requête s’apparente à une tentative de mise sous tutelle judiciaire du PDCI-RDA, une première dans l’histoire récente du parti. Pour certains observateurs, il s’agirait d’un coup juridico-politique, visant à fragiliser la direction actuelle à l’approche des grands enjeux électoraux de 2025. Le moment est particulièrement sensible : le PDCI-RDA, en phase de reconquête politique, cherche à consolider son unité autour d’une nouvelle direction issue du congrès de décembre 2023.
Prochaine audience le 2 avril
Le juge, dans un souci du respect des droits de la défense, a accordé un délai aux avocats du PDCI-RDA, nombreux dans la salle, pour formuler une réponse argumentée. L’affaire a été renvoyée au mercredi 2 avril 2025 à 12 heures, date à laquelle le tribunal examinera les nouvelles demandes de Mme Yapo.
Un parti sous pression, mais debout
En attendant, la direction du PDCI-RDA reste sereine. Les avocats du parti affirment qu’ils répondront fermement mais dans le respect du droit à cette tentative d’atteinte à la légitimité de leurs institutions. Du côté des militants, la mobilisation s’organise, et les appels à l’unité se multiplient.
Dans cette affaire, ce n’est pas seulement la personne de Tidjane Thiam qui est visée, mais l’ensemble du processus de refondation du parti, voulu par les militants lors du dernier congrès. La justice tranchera. Mais le terrain politique, lui, est déjà secoué.

Par Jacques Roger | Afrique2050 |