CÔTE D’IVOIRE: RETOUR DES VIEUX DÉMONS.
RETOUR DES VIEUX DÉMONS.
C’est un plan commun et un tir groupé, y compris de responsables du PDCI-RDA. Militants du RHDP, partisans d’Alassane Ouattara, journalistes-militants, mercenaires et activistes ont dans leur collimateur Cheick Tidjane Thiam.

Et même après sa renonciation, le 19 mars 2025, à la nationalité française, la polémique ne faiblit pas. Il faut le crucifier coûte que coûte avec l’objectif affiché d’obtenir son retrait de la liste électorale provisoire affichée le 17 mars.
Jean-Louis Billon, son rival au PDCI-RDA pour bénéficier de la bannière du parti à l’effet de défendre ses couleurs à la présidentielle du 25 octobre 2025, traverse la même situation. Il a, lui aussi, renoncé à la nationalité hexagonale, le 7 mars, mais il ne suscite aucune vague et est ménagé.
En effet, Tidjane Thiam représente l’homme à abattre. Il incarne un vrai danger qui menace le régime en place. Et alors, le pouvoir ne se rend pas compte qu’il se tire une balle dans le pied, en remuant le couteau dans la plaie non guérie des nationalités.
Quand, depuis la mort de Félix Houphouët-Boigny, la question de la nationalité voltaïque (aujourd’hui burkinabé) d’Alassane Ouattara s’est posée, la ligne de défense était simple. Ses frères Gaoussou et Téné Birahima Ouattara étant Ivoiriens pur sang, Alassane ne peut être qu’Ivoirien; le contraire étant considéré comme une spoliation de son droit.
Pourtant, le père et la mère de Tidjane Thiam sont Ivoiriens. Ses frères et soeurs sont Ivoiriens. Mieux, d’Houphouët-Boigny à Alassane Ouattara, un membre de la famille, à commencer par le père Amadou Thiam, a été ou est ministre sous les cinq différents régimes.
C’est pourquoi les campagnes de Tidjane-bashing ouvrent la boîte de Pandore. Le PPA-CI est alors monté au creneau pour attaquer. “Si un leader politique responsable ne mérite pas de figurer sur la liste électorale, c’est bien le président Alassane Ouattara,” a accusé Sébastien Dano Djédjé, président exécutif du parti, en réaction à la radiation de Laurent Gbagbo, ex-chef de l’État et président du parti, de cette liste. Et il a annoncé que le PPA-CI engagerait, durant le contentieux, un recours en radiation du chef de l’État de la liste électorale.
C’est le retour des vieux démons de la politique. Au soutien de cette démarche de contestation, la nationalité controversée d’Alassane Ouattara. Il est avéré qu’après ses études secondaires à Bobo-Dioulasso et Ouagadougou (Burkina Faso), il a bénéficié d’une bourse alors voltaïque. Il a été recruté, à la fin de ses études universitaires aux États-Unis d’Amérique, au FMI et à la BCEAO, comme chargé de mission (pour lequel il a été décoré en Côte d’Ivoire) et vice-gouverneur comme Voltaïque.
Aussi, le 1er août 1999, à sa prise du pouvoir à la tête du RDR, pouvait-il avouer qu’il est “fier d’avoir servi pour le compte de la Haute Volta”.
Et il est acquis que sa nomination comme gouverneur de cette banque centrale pour le compte de la Côte d’Ivoire ne s’est pas régulièrement opérée avec sa renonciation à cette nationalité voltaïque et son intégration dans la nationalité ivoirienne.
Les conséquences ne se sont pas fait attendre. D’un, un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui, en septembre 1999, pour “faux et usage de faux dans les documents administratifs (ses cartes d’identité ivoirienne)”. De deux, la Chambre constitutionnelle de la Cour suprême a pris l’arrêt n°E001-2000 du 6 octobre 2000 à l’effet d’invalider sa candidature à la présidentielle du 22 octobre pour “nationalité douteuse”. Et de trois, Alassane Ouattara n’a pu participer à l’élection de 2010 qu'”à titre exceptionnel”, sans répondre aux critères d’éligibilité.
En maniant, avec légèreté, le sujet de la nationalité, revendiquant des articles du Code de la nationalité ivoirienne, le RHDP et ses affidés jouent ainsi et par mégarde avec le feu. Et c’est le serpent qui se mord la queue.
F. M. Bally
Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, et Alassane Ouattara, chef de l’État et président du RHDP (photo d’archives).