Article : Comprendre l’article 48 et la prétendue perte de nationalité ivoirienne de Tidjane Thiam
Comprendre l’article 48 et la prétendue perte de nationalité ivoirienne de Tidjane Thiam

Dans le débat politique ivoirien, certains tentent d’instrumentaliser la question de la nationalité de Tidjane Thiam pour semer la confusion au sein de l’opinion publique. Ils avancent l’idée selon laquelle ce dernier aurait perdu sa nationalité ivoirienne après avoir acquis une autre nationalité. Cependant, une lecture attentive de l’article 48 du Code de la nationalité ivoirienne permet de démonter cette argumentation fallacieuse.
1. Que dit réellement l’article 48 ?
L’article 48, alinéa 1, dispose que “perd la nationalité ivoirienne l’Ivoirien majeur qui acquiert volontairement une nationalité étrangère, ou qui déclare reconnaître une telle nationalité.”
Cependant, l’alinéa 2 introduit une condition essentielle qui est volontairement passée sous silence par les détracteurs :
“Toutefois, pendant un délai de quinze ans à compter de l’inscription sur les tableaux de recensement, la perte est subordonnée à l’autorisation du Gouvernement par décret pris sur rapport du garde des Sceaux, ministre de la Justice, et après avis du ministre de la Santé publique et du ministre de la Défense nationale.”
Autrement dit, la perte de nationalité n’est pas automatique. Elle doit être actée par un décret gouvernemental dans un délai de 15 ans après l’acquisition de la nouvelle nationalité.
2. Où est le décret attestant de la perte de nationalité de Tidjane Thiam ?
Si l’on applique l’article 48 au cas de Tidjane Thiam, une question essentielle se pose :
Le gouvernement ivoirien a-t-il pris un décret, dans les 15 ans suivant son acquisition de la nationalité française, pour confirmer la perte de sa nationalité ivoirienne ?
La réponse est simple : aucun décret n’a été publié dans ce sens.
Selon les dispositions légales, sans ce décret, la nationalité ivoirienne ne peut être considérée comme perdue. Il est donc juridiquement erroné d’affirmer que Tidjane Thiam a perdu sa nationalité ivoirienne.
3. Avis juridique : La confirmation d’un expert en droit
Afin d’éclairer ce débat, nous avons contacté le juriste A.K. Après des échanges très intéressants avec lui, voici ses conclusions :
- La perte de nationalité ne peut être automatique. L’article 48, alinéa 2, est clair : il faut un décret signé par le gouvernement dans un délai de 15 ans.
- En l’absence de décret officiel, l’État ivoirien ne peut pas invoquer la perte de nationalité de Tidjane Thiam.
- Si l’État ivoirien avait réellement acté cette perte, il aurait dû en apporter la preuve formelle avec un décret publié au Journal Officiel.
Ces conclusions confirment donc que l’argument avancé par le RHDP et ses communicants est juridiquement infondé.
4. Un faux débat pour éviter les vrais enjeux
L’argument de la supposée perte de nationalité n’est en réalité qu’un écran de fumée destiné à décrédibiliser la candidature de Tidjane Thiam à la présidentielle de 2025 et à détourner l’attention des véritables défis politiques et économiques que traverse la Côte d’Ivoire.
En insistant sur l’article 48, alinéa 2, il devient évident que le débat est clos : en l’absence de décret officiel, Tidjane Thiam est toujours Ivoirien de plein droit.
Il appartient désormais aux militants du PDCI-RDA de ne pas se laisser manipuler par cette stratégie de diversion et de se focaliser sur l’essentiel : la mobilisation pour 2025.
5. Conclusion : Exiger des preuves et refuser les manipulations
Si certains continuent à affirmer que Tidjane Thiam a perdu sa nationalité, ils doivent apporter la preuve de l’existence d’un décret officiel actant cette perte. Sans cela, leur argumentaire n’a aucune valeur juridique et repose sur la pure spéculation.
Les militants du PDCI-RDA doivent donc rester vigilants et lucides face à cette tentative de manipulation. Le droit est clair : sans décret du gouvernement ivoirien, Tidjane Thiam est et demeure un citoyen ivoirien à part entière.
D’autant plus que, s’il le souhaite, Tidjane Thiam pourra redevenir exclusivement Ivoirien en un mois seulement, selon la procédure légale en vigueur.
Ainsi, le RDR devenu RHDP, ses communicants et ses partisans, tentent d’entretenir un faux débat sur l’alinéa 1 de l’article 48, tout en évitant soigneusement d’évoquer l’alinéa 2, qui ruine totalement leur argumentation.
Cette manipulation est comparable à celle utilisée avec le concept d’“ivoirité”, autrefois conçu et récupéré par le RDR pour semer la confusion et inclure Alassane Ouattara dans le jeu politique en flattant l’orgueil des populations du Nord, parfois injustement humiliées lors des contrôles administratifs. Pourtant, cette “ivoirité” manipulée par le RDR n’avait rien à voir avec l’ivoirité originelle, qui bénéficiait du soutien du Président Henri Konan Bédié et qui avait une toute autre signification.
Nous ne devons pas laisser cette confusion s’installer une nouvelle fois !
Comprenons les enjeux et agissons dès maintenant avant que cette campagne de désinformation ne prenne de l’ampleur.
Car derrière cette stratégie se cache un objectif clair : créer les conditions pour donner des arguments à la présidente du Conseil constitutionnel en vue d’exclure celui qu’on peut désormais appeler “Houphouët-Boigny 2”, Tidjane Thiam.
Restons mobilisés et refusons la manipulation !
JACQUES ROGER
