Cessé Komé : Un Parcours éloquent, une réputation à préserver et une reconnaissance envers la Côte d’Ivoire à honorer
Cessé Komé : Un Parcours éloquent, une réputation à préserver et une reconnaissance envers la Côte d’Ivoire à honorer

Cessé Komé, homme d’affaires malien à la trajectoire impressionnante, incarne le rêve africain. Parti de rien, il a su bâtir un empire hôtelier qui s’étend aujourd’hui de Bamako à Abidjan. Son succès force le respect et son engagement pour le développement économique de la sous-région est indéniable. Cependant, si son ascension mérite des éloges, certaines pratiques liées à son expansion immobilière en Côte d’Ivoire suscitent des interrogations.
Un Destin Hors du Commun
Né en 1968 à Koira, au Mali, Cessé Komé a posé ses valises à Abidjan en 1984, à seulement 17 ans, dans l’espoir d’une vie meilleure. De cireur de chaussures dans les rues de la capitale ivoirienne à importateur de textile, il a su, avec audace et persévérance, se frayer un chemin dans le monde des affaires. C’est dans les années 2000 qu’il se tourne vers l’hôtellerie, avec la construction de la Résidence Komé à Bamako. Cette première tentative, marquée par des difficultés financières, lui permettra néanmoins d’établir des contacts précieux et d’intégrer le marché du luxe.
Grâce à des partenariats stratégiques avec des géants comme Radisson, il devient un acteur incontournable du secteur, avec des établissements prestigieux tels que Radisson Blu Bamako et Radisson Blu Abidjan Airport. Son impact économique est indéniable : il emploie plus de 500 personnes en Afrique de l’Ouest et continue d’investir dans divers secteurs, notamment l’industrie.
Un Homme d’Affaires Accompli, une Attitude à Redéfinir


Si l’on ne peut que saluer son génie entrepreneurial, certaines pratiques de Cessé Komé en Côte d’Ivoire méritent une attention particulière. Son implication supposée dans des opérations immobilières contestées et non prouvées à travers son frère Bakary Komé, notamment via ADC, soulève des inquiétudes quant à une accumulation excessive de biens au détriment des Ivoiriens.
Dans un pays où l’accès à la propriété demeure un défi pour de nombreux citoyens, la concentration de vastes patrimoines immobiliers entre les mains de quelques opérateurs économiques, parfois étrangers, suscite des frustrations légitimes. La Côte d’Ivoire, terre d’accueil qui a permis à Cessé Komé de bâtir sa réussite, mérite en retour un engagement responsable et une gestion éthique des affaires.
Si la réussite d’un entrepreneur doit être encouragée, elle ne saurait justifier des pratiques pouvant contribuer à la marginalisation économique des populations locales. L’enrichissement personnel ne doit pas primer sur l’équité et la solidarité nationale, au risque de fragiliser le climat social et d’alimenter un sentiment de dépossession au sein des Ivoiriens.
Cessé Komé a aujourd’hui l’opportunité de démontrer sa reconnaissance envers la Côte d’Ivoire en réajustant son approche : investir dans des projets bénéfiques pour le pays, favoriser l’accès équitable aux opportunités et éviter toute démarche perçue comme une prédation économique. Un geste en ce sens renforcerait sa réputation et lui assurerait une place non seulement parmi les grands entrepreneurs, mais aussi parmi ceux qui auront œuvré pour un développement harmonieux et inclusif.
Une Réputation à Préserver, un Héritage à Construire

L’histoire retiendra Cessé Komé comme un visionnaire, un homme parti de rien qui a su bâtir un empire. Mais quelle image veut-il laisser aux générations futures ? Celle d’un entrepreneur qui a prospéré grâce à la Côte d’Ivoire et qui, en retour, a aidé à son développement ? Ou celle d’un homme d’affaires obsédé par l’accumulation, insensible aux réalités sociales et économiques du pays ?
Le choix lui appartient. Mais il est certain que le véritable succès ne se mesure pas seulement en nombre d’hôtels et d’investissements, mais aussi en l’impact positif laissé sur la société.
NANAN APPINDRIN
ABIDJAN POUR AFRIQUE2050