Pamphlet : L’opposition, plus opposée à elle-même qu’au pouvoir en place

Il faut arrêter d’être lâche, hypocrite et irresponsable. L’heure n’est plus à la manipulation des années 90, dont nous continuons encore aujourd’hui à payer les lourdes conséquences. Ce jeu de division et de sabotage interne ne sert qu’un seul camp : celui du pouvoir en place.

Le PPA-CI veut-il réellement le départ de Ouattara ou non ? À force de ruses, d’ambiguïtés et de positionnements calculés, certains opposants finissent par donner l’impression qu’ils sont plus préoccupés par le torpillage d’autres figures de l’opposition que par le combat contre le régime en place. On ne peut pas dénoncer un système et, dans le même souffle, utiliser ses propres armes pour détruire ses partenaires potentiels.

Quant aux récentes déclarations sur la binationalité, cessons l’hypocrisie. Personne n’est dupe. Il ne s’agit pas d’une attaque générale contre les fraudeurs, car dans ce cas, les premières cibles auraient été ces milliers d’étrangers naturalisés à la hâte, souvent à des fins électorales, venus du Burkina Faso, du Mali, de la Guinée ou encore du Niger. Non, l’objectif réel de cette sortie était clair : frapper Tidjane Thiam, le seul opposant qui incarne aujourd’hui une alternative sérieuse face au RHDP et dont son problème de binationalité fait le tour des réseaux sociaux cette semaine après la manipulation orchestrée par l’Ambassade de Côte d’Ivoire en France, la NCI, Ali Diarrassouba et Arthur Banga.

Laurent Gbagbo a déclaré :
“On ne peut pas jouer à être un peu Ivoirien, un peu Français, un peu Danois. On est ou on n’est pas. Ça, il faut que ce soit clair…”

Mais soyons honnêtes : à qui s’adresse réellement cette phrase ? Nul besoin de détourner le regard. Cette attaque vise directement Tidjane Thiam, et plus largement tous ceux qui incarnent une autre. Pourtant, au moment où le RHDP est acculé par les révélations de “Doumgba dette” et le scandale des “Range Rover” des ministres RDR devenu RHDP aux jeunes “nanas”, voilà que subitement l’attention est détournée ailleurs.

Le président Gbagbo, volontairement ou non, révèle ainsi la ligne de certains de ses partisans : une stratégie anti-Thiam qui se répand sournoisement sur les réseaux sociaux. Cette stratégie repose sur un calcul froid et cynique : la terre brûlée. “Si je ne suis pas candidat, alors personne d’autre ne doit l’être. Si je ne peux pas prétendre au pouvoir, alors mieux vaut que l’on reste sous Ouattara jusqu’à ce que mon tour arrive.”

Ce raisonnement, dicté par l’égo et non par la nécessité de sauver la Côte d’Ivoire, montre bien que certains opposants ne luttent pas pour le peuple, mais pour eux-mêmes. Ils préfèrent maintenir le pays sous Ouattara, un président âgé et affaibli politiquement, plutôt que de soutenir une alternative plus jeune et compétente, sous prétexte d’une stratégie de long terme qui ne sert que leurs ambitions personnelles.

Mais l’histoire jugera sévèrement ces calculs destructeurs. Il est temps de sortir de cette logique mesquine et de comprendre que l’opposition ne peut espérer triompher que si elle fait preuve d’intelligence, de solidarité et de cohérence. L’ennemi n’est pas au sein de l’opposition. L’ennemi est en face. La question est simple : veut-on gagner en 2025 ou veut-on simplement exister ?

L’heure n’est plus aux petits jeux politiciens. Soit nous nous battons ensemble pour l’alternance, soit nous nous condamnons collectivement à l’échec.

Enfin, Laurent Gbagbo ne peut pas prétendre faire “le temps de nos parents”, “notre temps” et vouloir encore “faire le temps de nos enfants et petits-enfants” après dix années de gestion calamiteuse – selon ses propres aveux. Il est temps d’ouvrir une nouvelle ère, où l’avenir de la Côte d’Ivoire ne sera plus sacrifié sur l’autel des ambitions personnelles et des règlements de comptes du passé.

Commandant Jacques Roger
LeConservateur
BIDBA: “Bring the Ivorian Dream Back Again”