Côte d’Ivoire Tiassalé : Les Fleurs du Mal
Titre : “Tiassalé : Les Fleurs du Mal”

Après les élections municipales dans la commune de Tiassalé, une ville située à une dizaine de kilomètres d’Abidjan, remportées par le maire sortant, M. Assalé Tiemoko Antoine, une situation pour le moins surprenante s’est produite. Le candidat du RHDP a introduit une requête en annulation, sans fournir de raisons substantielles susceptibles de changer les résultats du scrutin. Alors que tout le monde s’attendait à la confirmation de la victoire d’Assalé, le Conseil d’État a pris la lourde décision de l’annuler. Cette décision a soulevé de nombreuses interrogations : qu’est-ce qui a bien pu se passer ? Comment un groupe d’individus peut-il décider d’annuler une élection, qui est en réalité le choix exprimé par le peuple, sans justifications valables ? Dans cet article, le député-maire Assalé Tiemoko Antoine apporte des explications afin de mieux comprendre cette situation inédite et les enjeux qui en découlent.
“ Ceci sera ma dernière déclaration concernant l’annulation de l’élection municipale à Tiassalé, un mépris flagrant pour la dignité et la volonté du peuple de Tiassalé.
Tout ce que je dirai désormais à ce sujet se fera sur le terrain, expliquant en détail aux habitants de Tiassalé pourquoi leur volonté clairement exprimée dans les urnes a été ignorée.
Je prendrai trois mois pour expliquer aux habitants pourquoi nous devons lutter contre cette Côte d’Ivoire de la médiocrité, où les puissants utilisent les ressources de l’État et ses institutions pour opprimer les faibles et les pauvres, anéantissant les espoirs des enfants les plus méritants du pays.
Depuis le 21 septembre, j’avais reçu des informations de sources fiables selon lesquelles la décision avait été prise d’annuler, sans raisons valables, l’élection municipale à Tiassalé.
Le 24 septembre, après l’émission “NCI360”, j’ai informé certains collègues (qui peuvent en témoigner) que je savais qu’ils allaient annuler mon élection, simplement et purement.
Mes collègues étaient sceptiques à propos de cette information car ils savaient que l’élection à Tiassalé s’était très bien déroulée et qu’il n’y avait aucune raison valable de l’annuler.
Le 25 septembre, j’ai fait une publication intitulée “Tiassalé, le complot continue.” Dans cette publication, qui est toujours disponible sur cette page, il y avait le passage suivant : “Ces personnes qui occupent des postes élevés dans l’État et qui me voient désormais comme leur ‘pire ennemi’ ne me pardonnent pas le rôle que j’ai joué aux côtés des Ivoiriens pendant la crise de la donnée. Les exécutants et les instigateurs de ce complot estiment que ma victoire aux élections municipales à Tiassalé, malgré tout ce qu’ils ont fait, me confère désormais une légitimité politique trop importante, et tout doit être fait pour changer la donne et placer la mairie de Tiassalé sous une ‘délégation spéciale’ présidée par le préfet.”
Le 5 octobre, ce que j’avais annoncé à mes collègues et dans ma publication du 25 septembre, sans surprise pour moi, s’est produit. Ils ont annulé l’élection à Tiassalé. J’en prends acte, même si je ne connais pas encore les motivations juridiques de cette annulation, d’autant plus qu’aucun des griefs soulevés par le candidat perdant ne constitue un motif suffisant pour l’annulation de l’élection, selon la Commission Électorale Indépendante (CEI) et mes avocats.
Il sera intéressant, lors des prochaines élections présidentielles et législatives, de mettre à disposition du peuple ivoirien tous les arrêts motivés rendus par le Conseil d’État concernant les récentes élections municipales et régionales. Cela nous aidera à découvrir s’il existe une logique derrière les griefs qui ont été rejetés comme infondés et ceux qui ont été retenus comme fondés et qui ont servi de base aux annulations.
La décision sur l’affaire de Tiassalé constituera sans aucun doute un précédent.
Dans quelques mois, nous saurons sur quels motifs le Conseil d’État a annulé cette élection, d’autant plus qu’il n’y a eu aucun incident lors du décompte des voix, que tous les procès-verbaux ont été signés par tous les représentants de tous les candidats sans aucune mention d’irrégularités ou de fraudes sur aucun PV.
Pendant les trois prochains mois, la municipalité sera administrée pour les “affaires courantes” par le Secrétaire Général de la Préfecture de Tiassalé, sous la supervision du Préfet. Les élections auront lieu à nouveau au cours de cette période, probablement avant la fin des trois mois en raison de la Coupe d’Afrique des Nations.
Nous retournerons vers le peuple pour solliciter leurs voix. On ne change pas une équipe qui gagne, et nous avons fait de Tiassalé, autrefois une commune négligée et oubliée, l’une des communes les plus visibles de Côte d’Ivoire.
On ne change pas une équipe qui gagne ; voilà le message que le peuple de Tiassalé a envoyé à nos adversaires le 2 septembre.
Le peuple de Tiassalé a parlé, et son message était très clair. Ils n’ont pas cherché à comprendre ce message pour s’auto-évaluer, ils ont simplement cherché à le punir car ils pensaient avoir acheté ce peuple avec des cadeaux et des billets de banque, et ils se sont sentis trahis.
Nous connaissons les résultats des élections dans les 13 bureaux de vote. Nous avons gagné dans 11 d’entre eux, tandis que notre adversaire, arrivé en deuxième position, n’a gagné que dans un bureau de vote.
Pour cette nouvelle élection, les seuls défis seront la sécurité et la stratégie pour contrer la fraude. Ils savent que rien ne changera dans les urnes, ils doivent donc trouver une autre stratégie pour espérer la victoire.
Nous sommes bien conscients de cela.
Nous ferons appel aux Ivoiriens qui ne tolèrent pas l’injustice et l’arrogance des puissants qui utilisent l’argent public pour soutenir notre équipe. Nous appelons ceux qui veulent mettre fin à la politique qui désespère le peuple à se joindre à nous à Tiassalé pour contrecarrer l’imposture.
Ce qui se jouera à Tiassalé dans les trois prochains mois donnera un aperçu de ce qui se jouera en Côte d’Ivoire en 2025.
Ils ont annulé l’élection, mais ils n’ont pas annulé le résultat sorti des urnes, qui reste ancré dans l’esprit de chaque habitant de Tiassalé.
En annulant l’élection, ils nous ont rendu un immense service : ils ont augmenté la sympathie des populations, y compris de certains de leurs propres partisans, ainsi que de nombreux Ivoiriens, envers notre équipe.
C’est ce qu’on appelle se tirer une balle dans le pied.
Ils ont tellement bien compris la situation qu’ils essaient désormais sur le terrain, sur les réseaux sociaux, et dans une certaine presse qui a perdu toute dignité, de faire croire que l’élection a été annulée en raison de “fraudes”. Ils oublient que nous avons une copie de leur requête où ils ne mentionnent aucune fraude, et que nous avons tous les procès-verbaux de tous les bureaux de vote, sur lesquels aucun de leurs représentants n’a signalé la moindre fraude.
Il est donc évident qu’il n’y a pas de crime parfait.
Leur acte de méchanceté gratuite nous profite politiquement, et nous allons en tirer de grands avantages sur le plan politique.
Comme le disait Charles Baudelaire : “Ils m’ont donné de la boue, j’en ai fait de l’or.”
Nous allons tirer d’un mal qu’ils ont cru faire des dividendes politiques énormes.
Les peuples ont tendance à soutenir ceux qui sont injustement persécutés, et aujourd’hui, il est clair qu’il y a une persécution contre l’élu de Tiassalé.
Cela se produit parce que je refuse de me plier, de “manger et me taire”, et pire encore, parce que j’ai décidé de rester indépendant au point d’être considéré comme un opposant qu’il faut arrêter maintenant, sinon “ce sera trop tard”.
Cependant, dans ce pays, l’histoire a montré que lorsqu’on persécute injustement quelqu’un engagé en politique, on finit souvent par faire de lui une “lumière” que tout le monde veut aider à briller…
Espérons que leur richesse personnelle ne les empêche pas de comprendre que l’on ne doit pas faire aux autres ce que l’on a combattu hier.
Car l’histoire a cette fâcheuse tendance à se répéter… contre les agneaux d’hier devenus les bourreaux d’aujourd’hui.”
SOURCE : ASSALE TIEMOKO ANTOINE – DEPUTE-MAIRE DE TIASSALE
JACQUES ROGER
