POLITIQUE/CI: L’incohérence politique en Côte d’Ivoire : Un obstacle à la réconciliation et à la cohésion sociale

La Côte d’Ivoire, après des années de tensions politiques et de violences, aspire à la réconciliation et à la consolidation de la cohésion sociale. Cependant, malgré l’évolution du pays vers une démocratie équilibrée avec des pouvoirs législatif et judiciaire indépendants, des incohérences politiques subsistent. Cet article examine la situation actuelle en se focalisant sur le pouvoir exécutif en Côte d’Ivoire et l’amnistie refusée au Président Laurent Gbagbo, ainsi que ses conséquences sur la réconciliation nationale et la cohésion sociale.
Le pouvoir exécutif et l’amnistie refusée au Président Laurent Gbagbo :
Malgré l’adoption d’une ordonnance portant amnistie des poursuites après la crise postélectorale, le pouvoir exécutif en Côte d’Ivoire semble faire face à une incohérence politique en n’accordant pas d’amnistie au Président Laurent Gbagbo. Cette décision soulève des questions quant à la volonté réelle de promouvoir la réconciliation nationale. Alors que des gestes de réconciliation ont été observés lors de rencontres informelles entre les dirigeants politiques, l’exclusion de Laurent Gbagbo du processus d’amnistie met en évidence une incohérence et fragilise les efforts de réconciliation.
La rencontre amicale entre les Présidents Bedié, Ouattara et Laurent Gbagbo :

Une illustration de cette incohérence a été observée lors de la rencontre entre les Présidents Bedié, Ouattara et Laurent Gbagbo au palais présidentiel. Les échanges amicaux et informels entre ces leaders politiques ont suscité l’espoir d’une réconciliation et d’une cohésion nationale. Cependant, l’exclusion de Laurent Gbagbo du processus d’amnistie contraste avec ces signes positifs, sapant ainsi la crédibilité de la démarche de réconciliation.
La présence de Laurent Gbagbo lors de la remise du prix Felix Houphouët-Boigny :
Une autre illustration de cette incohérence politique est la présence remarquée des Présidents Bedié et Laurent Gbagbo lors de la remise du prix Felix Houphouët-Boigny pour la paix à la chancelière Angela Merkel. Cette présence a donné l’image d’une cohésion nationale en Côte d’Ivoire. Toutefois, l’exclusion persistante de Laurent Gbagbo du fichier électoral et le refus d’amnistie ternissent cette image et entravent les efforts de réconciliation et de cohésion sociale.
Les implications politiques et sociales :
Malgré la grâce accordée par le Président Ouattara, la création du PPA-CI et l’exercice des activités de Laurent Gbagbo, dont l’image est celle d’un leader tutélaire et légal, persistent des obstacles politiques qui nuisent à la réconciliation et à la cohésion sociale. De plus, la proposition de nommer le 4e pont en l’honneur du Président Laurent Gbagbo est un geste symbolique qui témoigne de la reconnaissance de sa contribution à la nation ivoirienne. Cela souligne l’importance de reconnaître et de valoriser les acteurs politiques et leurs contributions, même en période de transition et de réconciliation. En accordant cette distinction au Président Gbagbo, cela envoie un message fort quant à la volonté de reconnaître les efforts passés et de promouvoir une réconciliation inclusive. Cependant, cette proposition contraste avec le refus d’amnistie et l’exclusion politique persistante, ce qui souligne l’incohérence politique mentionnée précédemment. Pour véritablement consolider la réconciliation et la cohésion sociale, il est essentiel de parvenir à une approche cohérente et inclusive dans le traitement des acteurs politiques et de s’assurer que les gestes symboliques soient soutenus par des actions concrètes et équilibrées.
L’HYPOCRISIE POLITIQUE?

Lorsqu’il était au pouvoir et lors du Forum de la Réconciliation, Laurent Gbagbo affirmait qu’une loi votée pouvait permettre de résoudre des problèmes, et que certains articles de la Constitution ivoirienne de 2000 offraient des solutions pour régler la situation concernant Alassane Ouattara. Il faisait référence à des dispositions constitutionnelles qui, selon lui, pouvaient être utilisées pour aborder la question de l’éligibilité d’Ouattara à la présidence. Ces déclarations soulignaient la conviction de Gbagbo envers la primauté du droit et l’importance de respecter les processus légaux et constitutionnels pour résoudre les problèmes politiques. Cependant, il est important de noter que les interprétations de la Constitution et des lois peuvent varier, et que différentes parties prenantes peuvent avoir des opinions divergentes sur les dispositions constitutionnelles et leur application dans des situations politiques spécifiques.
La question que nous nous posons est de savoir si la condamnation de Laurent Gbagbo par la justice ivoirienne et son absence sur la liste électorale actuelle permettent de régler aussi son cas aujourd’hui en ce qui concerne son éventuel retour à la présidence.
En conclusion, l’exclusion politique persistante du Président Laurent Gbagbo en Côte d’Ivoire, malgré les signes de réconciliation observés lors de rencontres informelles et d’événements publics, témoigne d’une incohérence politique préjudiciable à la réconciliation nationale et à la cohésion sociale. Alors que des gestes positifs ont été faits pour promouvoir l’unité et la paix, le refus d’accorder une amnistie au Président Gbagbo compromet ces efforts et fragilise la crédibilité du processus de réconciliation. Cette incohérence politique soulève des questions sur la volonté réelle d’atteindre une réconciliation durable en Côte d’Ivoire et compromet la construction d’une société plus cohésive et unifiée. Il est essentiel de surmonter ces obstacles et de trouver des solutions politiques équitables pour garantir une réconciliation véritable et une cohésion sociale solide dans le pays.
JACQUES ROGER
