Réponse à Mme Fleur Aké M’bo Esther
Réponse à Mme Fleur Aké M’bo Esther

Chère sœur en citoyenneté et militante engagée,
Votre réaction à la déclaration du président Tidjane Thiam mérite une mise au point, non pour entrer dans une joute inutile, mais pour recentrer le débat sur les priorités véritables du moment.
Nous aurions pu discuter du sondage, de ses méthodes ou de sa portée. Mais aujourd’hui, le cœur du sujet n’est pas un graphique d’opinion, ni même une ambition personnelle. Ce que traverse la Côte d’Ivoire exige de nous autre chose : de la hauteur, de la solidarité, de la lucidité.
Car il ne s’agit plus d’un homme, encore moins d’un duel. Il s’agit d’un précédent grave et dangereux : l’État ivoirien vient de radier un Ivoirien de souche, né à Abidjan, petit-fils du Président Félix Houphouët-Boigny, pour des raisons de nationalité. Cet homme, ce n’est pas un inconnu. C’est celui que le Président Gbagbo lui-même avait approché en 2000 pour le poste de Premier ministre. Vous le savez.
Dans ce contexte, venir opposer Thiam à Gbagbo, comme s’il s’agissait d’une querelle d’ego ou d’affichage, est non seulement une erreur politique, mais une faute historique. C’est méconnaître les enjeux. Ce n’est pas Thiam qu’on combat. C’est l’idée même d’une alternance. C’est l’émergence d’un leadership nouveau, d’une Côte d’Ivoire réconciliée, compétente, moderne et inclusive qu’on tente d’empêcher.
Vous regrettez le silence du PDCI au moment de la radiation du Président Gbagbo. Mais ce silence, il ne date pas de 2025. Il remonte aux années Bédié, quand Gbagbo fut déjà écarté par les lois scélérates du moment. Était-ce le PDCI actuel, réformé, dirigé par Thiam, qui vous a fait défaut ? Non. Étiez-vous vous-même en première ligne ?
Alors, s’il vous plaît, ne déplaçons pas le curseur au moment où le pays attend de nous une opposition unie et forte. Le danger qui pèse sur Tidjane Thiam est le même que celui qui pesa sur Laurent Gbagbo, sur Guillaume Soro, sur Blé Goudé. Il est systémique.

Ceux qui instrumentalisent la justice aujourd’hui n’ont ni préférence ni loyauté, sauf celle de conserver le pouvoir. À nous de choisir : serons-nous les complices de leur stratégie de division ou les artisans d’un sursaut salutaire ?
Enfin, que chacun commande le sondage qu’il veut. Mais aucun sondage, en effet, ne fera un président — pas plus qu’un déni de nationalité ne fera disparaître un homme.
C’est pourquoi, au lieu de polémiques stériles, notre pays a besoin d’une voix forte, solidaire, unie pour dire non : non à l’exclusion, non à la manipulation, non à l’effacement planifié des alternatives démocratiques.
Pour conclure, permettez-moi un petit rappel d’histoire, puisque vous évoquez les sondages avec autant de méfiance.
En 2010, à la veille du scrutin présidentiel, le camp du président Gbagbo lui-même publiait avec fierté des résultats d’un sondage réalisé – selon eux – par l’institut SOFRES, lui attribuant 42 % des intentions de vote, contre 30 % pour Henri Konan Bédié et 28 % pour Alassane Ouattara.
Je ne me souviens pas qu’un cadre du PDCI-RDA soit monté au créneau pour crier à la manipulation ou pour accuser Gbagbo de “rabaisser ses adversaires”. Non. Chacun avait pris cela pour ce que c’était : un élément de communication politique, point final.
Alors soyons sérieux. Votre problème avec Tidjane Thiam n’a rien à voir avec un sondage. Il est ailleurs. Et croyez-moi, j’en ai une petite idée…
Madame Aké N’Gbo, ce n’est pas un affront que je vous adresse, c’est un appel. Rassemblons-nous pendant qu’il en est encore temps.

JACQUES ROGER, LECONSERVATEUR
LA NOTE DE FLEUR AKÉ M’BO
Après la sortie du président du Pdci : Fleur Aké M’bo Esther recadre Tidjane Thiam
Dans une contribution sur sa page Facebook mercredi 23 avril 2025, Fleur Aké M’bo Esther, cadre du PPA-CI, a recadré le président du PDCI, Tidjane Thiam. Après sa radiation de la liste électorale, Thiam a produit une déclaration dans laquelle il a évoqué un prétendu sondage qui le donnerait vainqueur devant Laurent Gbagbo. Sa déclaration a secoué le PPA-CI dont les cadres réagissent. Ci-dessous la déclaration.

SONDAGE OU MIRAGE POLITIQUE ?
Hier j’ai écouté la déclaration de M. Tidjane Thiam. Je n’ai pas pour habitude de me prononcer publiquement sur certains sujets politiques, mais après réflexion, j’ai décidé de réagir à froid. Le débat politique doit être nourri, certes mais il doit surtout être fondé sur des faits et porté avec humilité.
Dans sa récente intervention, M. Thiam, président du PDCI, a évoqué un sondage qu’il aurait commandité, le plaçant largement en tête des intentions de vote pour la présidentielle d’octobre 2025, devant le président Laurent Gbagbo
Je tiens à réagir calmement mais fermement : je n’accorde aucun crédit à ce sondage. Premièrement, sur quelle base scientifique, méthodologique ou démographique a t-il été réalisé ? Deuxièmement, au moment du sondage, M. Thiam était inscrit sur la liste électorale, contrairement au président Laurent Gbagbo, dont la radiation suscitait à juste titre des doutes sur sa possible candidature.
Il est donc possible que ce contexte ait influencé les réponses : certains électeurs ont peut-être porté leur choix sur M. Thiam en pensant que le président Gbagbo ne pourrait pas concourir. Aujourd’hui que ni l’un ni l’autre n’est inscrit, je l’invite à refaire ce sondage. Nous verrons alors quel en serait le résultat.
Mais au-delà des chiffres, je parle ici en tant qu’actrice de terrain, engagée en zone rurale.
Nos parents que je rencontre régulièrement dans les villages et qui votent depuis l’époque du président Houphouët Boigny, ne connaissent pas tous M. Thiam.
Ils connaissent ces hommes qui ont dirigé notre pays. M. Thiam, lui, n’a encore jamais été candidat à une élection en Côte d’Ivoire.
Un sondage n’est pas une vérité absolue.
Si je faisais un sondage dans mon village où 90 % des électeurs m’ont toujours soutenue, bien sûr que ce sondage me placerait favorite pour l’élection présidentielle d’octobre 2025. Mais serait-il représentatif du pays ? Certainement pas.
Une tendance sur les réseaux sociaux ou un classement Google ne remplacera jamais un bulletin dans l’urne. Et si vous êtes à la tête de CAP 2025, regroupant 25 partis politiques, il serait juste de reconnaître que ce soutien collectif contribue aussi à votre popularité apparente.
Je n’ai pas la prétention de donner des leçons, mais j’interpelle le sens de la mesure. Dire qu’on incarne « le choix des Ivoiriens » dans un contexte aussi complexe est, pour le moins, présomptueux. Le vrai choix des Ivoiriens aujourd’hui, c’est la paix. Même les militants les plus fervents le disent : nous voulons gagner, mais nous voulons surtout la paix.
Le président Gbagbo n’est pas votre adversaire, M. Thiam. Il est une figure majeure de notre histoire. Et quand on aspire à diriger la République, on se doit de respecter ses devanciers. Comme l’a si bien chanté Espoir 2000 : « Respectez les gens qui ont vécu ».
Je déplore aussi l’absence de solidarité du PDCI lorsque le président Gbagbo a été retiré de la liste électorale.
Le silence fut assourdissant. Pourtant, les Ivoiriens eux mêmes nous rappellent une chose essentielle : l’opposition doit rester unie.
Aucun leader ne gagne seul. Aucun sondage ne fait un président. Et aucun candidat ne devrait bâtir sa stratégie en rabaissant un autre.
Je suis peut-être novice en politique, mais je respecte ceux qui ont vécu, dirigé et souffert pour ce pays.
Je m’appelle Fleur Aké M’bo Esther, cadre d’Agboville, Secrétaire Nationale Technique du PPACI en charge de la jeunesse, et je crois que l’opposition doit rester unie, que le débat doit rester respectueux, et que les ambitions doivent rester humbles devant le peuple.
Ainsi, j’ai parlé.
Fleur Aké M’bo Esther