CÔTE D’IVOIRE 🇨🇮 : L’après-Ouattara : une implosion annoncée
CÔTE D’IVOIRE 🇨🇮 : L’après-Ouattara : une implosion annoncée

Alors que 2025 approche à grands pas, le silence d’Alassane Ouattara sur sa succession devient assourdissant. Pourtant, les prétendants ne manquent pas. Chacun, dans l’ombre, affûte ses armes. Il y a Adama Bictogo, le président de l’Assemblée nationale, ambitieux et bien introduit dans les réseaux d’affaires. Patrick Achi, Premier ministre technocrate, qui rêve de faire valoir son bilan. Tiémoko Meyliet Koné, le discret vice-président, figure de compromis pour certains, de statu quo pour d’autres. Amadou Coulibaly et Sidi Tiémoko Touré, jeunes loups du nord, porteurs d’un héritage RDR et d’un ancrage régional. Mamadou Touré, ministre de la Promotion de la Jeunesse, qui joue sur la carte générationnelle. Sans oublier les éternels silencieux du système, comme Sansan Kambilé ou Amadou Koné, qui avancent masqués.
Face à cette mosaïque d’ambitions, Ouattara joue la montre. Il reste au centre du jeu, retarde les annonces, brouille les pistes. Chaque prise de parole entretient le flou : sera-t-il candidat ? Désignera-t-il un dauphin ? L’incertitude devient stratégie… mais une stratégie à haut risque.
Car chaque jour sans réponse aggrave les fractures internes du RHDP. L’absence de cap alimente les rivalités, les manœuvres de couloir, les trahisons en germe. Le parti présidentiel, construit autour d’un homme, semble incapable de survivre à son retrait. À défaut d’un leadership clair, ce sont les ego qui s’expriment. Et le pays, lui, attend.
À l’international, les signaux se multiplient. Les chancelleries s’inquiètent d’un scénario à la guinéenne. L’ONU appelle à des élections apaisées et crédibles. Mais en Côte d’Ivoire, les libertés se restreignent, les opposants sont criminalisés, la justice est instrumentalisée, et les dossiers de radiation pleuvent à l’approche du scrutin. Le débat démocratique est remplacé par le silence… ou la répression.
À force de refuser la vérité des urnes, à force de retarder le moment du passage de témoin, le RHDP prend le risque de s’enliser dans une crise de légitimité. L’échéance n’est plus simplement politique : elle est existentielle. L’après-Ouattara n’est plus une étape, c’est un gouffre qui se creuse.
Et pendant que le peuple s’impatiente, que les élites s’agitent, que les institutions s’effritent… le RHDP, lui, refuse de faire son deuil. Alors il reporte la cérémonie.

JACQUES ROGER
LECONSERVATEUR