Gabon – Présidentielle 2025 : Pour Guy Essiane Mba, invité de Jacques Roger : “le vrai enjeu est ailleurs”
Gabon – Présidentielle 2025 : Pour Guy Essiane Mba, “le vrai enjeu est ailleurs”
Depuis la région parisienne, le pharmacien Guy Essiane Mba, Gabonais de la diaspora, porte un regard sans concession sur la présidentielle à venir. Pour lui, cette élection est un “non-événement”, symptôme d’un système essoufflé et recyclé, incapable d’apporter une véritable alternative pour le pays.
À quelques jours de l’échéance électorale, la classe politique gabonaise est en pleine effervescence. Mais dans la diaspora, certains observent ce ballet électoral avec scepticisme, voire lassitude. C’est le cas de Guy Essiane Mba, qui a accepté de partager sa vision au micro de Jacques Roger sur Afrique2050.
“Un piège à cons”
Pour M. Essiane Mba, le processus ayant mené à cette présidentielle est vicié dès le départ. “On nous a entraînés dans un piège à cons”, déclare-t-il avec une franchise désarmante. À ses yeux, cette transition post-coup d’État n’a pas été l’opportunité de renouveler la classe politique, mais plutôt un mécanisme pour recycler les mêmes figures. “On prétend nous offrir un choix, mais en réalité, il n’y en a pas. Ce sont les mêmes visages, les mêmes logiques, le même système.”
Un appel aux 25-40 ans
Face à ce constat, il lance un appel pressant à la jeunesse gabonaise, notamment celle âgée de 25 à 40 ans, à qui il confie la responsabilité de “reprendre la main” sur le destin du pays. Pour lui, cette génération incarne le souffle nouveau nécessaire pour reconstruire un Gabon fondé sur des valeurs, des convictions et une vision claire. “Il faut une jeunesse désintéressée, animée non par l’ambition personnelle, mais par l’amour du pays.”

Voter, mais sans illusion
S’il reconnaît que le vote reste un devoir civique essentiel, Guy Essiane Mba invite les électeurs à aller aux urnes en pleine conscience. “Il faut voter, oui, mais en gardant en tête que l’essentiel est ailleurs : l’organisation, la structuration d’une nouvelle classe politique.” Il met en garde contre le vide que peut laisser l’abstention, souvent exploité par les manipulateurs du système.
La diaspora divisée
Interrogé sur le soutien affiché par certains cadres de la diaspora au général Oligui Nguema, le président de la transition, M. Essiane Mba se dit perplexe. “Je ne comprends pas. Si nous partageons les mêmes valeurs, alors nous devons évaluer les choses selon les mêmes critères. Et à mes yeux, cette transition est en dessous de la moyenne.” Il déplore un manque de cohérence de la part de ceux qui, hier critiques, semblent aujourd’hui avoir rallié le système qu’ils dénonçaient.
Un espoir fragile, mais réel
Malgré son ton critique, Guy Essiane Mba ne sombre pas dans le pessimisme. Il croit en un réveil. “Il y a de l’espoir à partir du moment où des jeunes commencent à se lever.” Mais il insiste : l’espoir ne suffira pas sans organisation, sans travail de fond, sans passage à l’action. “Si les jeunes se désengagent, le pays ira au chaos. Mais s’ils prennent leurs responsabilités, ils peuvent offrir au Gabon une véritable alternative.”
Conclusion : Une voix lucide de la diaspora
À travers son témoignage, Guy Essiane Mba incarne cette voix de la diaspora lucide, exigeante, et profondément attachée à son pays. À l’approche de l’élection présidentielle, il invite les Gabonais à ne pas se contenter de voter, mais à préparer déjà l’après, à penser au long terme, et surtout à bâtir sur des fondations solides : les valeurs.
JACQUES ROGER
