GABON 2025- Invité de Jacques Roger – Yannick Ebibie : « Bâtir un Gabon humain et solidaire commence par une révolution de la mentalité »
Yannick Ebibie : « Bâtir un Gabon humain et solidaire commence par une révolution de la mentalité »
Dans un pays en pleine transition, où les aspirations sociales se font plus pressantes que jamais, l’éducation, la société civile et le rôle de la jeunesse s’imposent comme les fondements du changement. Invité du Jacques Roger Show, M. Yannick Ebibie, Président de la Fondation François Meye pour l’Éducation et la Culture, livre une vision lucide et inspirante d’un Gabon réconcilié avec lui-même et tourné vers l’avenir.
I. Engagement personnel et action de terrain : revenir pour construire
Ancien membre influent de la diaspora gabonaise aux États-Unis, Yannick Ebibie a fait le choix du retour au pays, avec une mission claire : réinvestir dans le capital humain.
« Chaque jour, je vois concrètement comment on transforme la vie des gens en leur donnant un emploi, une chance, une dignité. Je n’ai jamais regretté d’être rentré au Gabon. »
À travers la Fondation François Meye, il milite pour la valorisation de l’enseignant, la modernisation des infrastructures éducatives et la transmission culturelle.

Son ambition : offrir à plus de 2 millions de jeunes une éducation de qualité, ancrée dans les valeurs et ouverte sur le monde.
« L’enseignant n’est pas seulement celui qui transmet un savoir, c’est celui qui construit une nation. Si nous voulons un Gabon fort, commençons par respecter ceux qui forgent son avenir. »
Il évoque aussi l’importance de la diaspora dans la transformation du pays :
« La diaspora doit être une passerelle, un éclaireur, un moteur. Elle ne doit pas rester spectatrice, mais actrice du changement. »
II. Société civile et réformes sociales : organiser, structurer, impacter
Sur la question du rôle de la société civile, Yannick Ebibie livre une analyse tranchée mais constructive.
« La société civile existe, mais elle est à trois vitesses : engagée, opportuniste ou instrumentalisée. Il faut la structurer, la professionnaliser, et surtout, la sortir des calculs politiciens. »
Il propose l’organisation d’états généraux de la société civile, pour clarifier son rôle et renforcer son impact.
Sur les réformes à mener, son message est clair : placer le capital humain au cœur du développement.
« On nous a toujours dit que le Gabon est riche à cause de ses ressources naturelles. Mais un pays n’est pas riche s’il ne sait pas transformer ces ressources. Ce qu’il faut, c’est un peuple bien formé, en bonne santé, avec l’état d’esprit de production. C’est ça, la vraie richesse. »
Il appelle à un plan décennal pour l’éducation, intégrant infrastructures, digitalisation, contenu culturel adapté, et promotion de l’excellence.
« Nous devons former des Gabonais qui savent qui ils sont, qui comprennent le monde et qui se demandent non pas “qu’est-ce que je peux obtenir ?”, mais “qu’est-ce que je peux apporter ?” »
III. Enjeux sociaux et aspirations populaires : changer de regard, changer d’échelle
Alors que le pays entre en période électorale, Yannick Ebibie observe une soif de renouveau, mais aussi une exigence de résultats.
« L’espoir revient. Mais il ne peut pas se nourrir que de discours. Il faut des actes, visibles, mesurables. Il faut que le Gabonais voie son enfant à l’école, sa route réparée, son hôpital fonctionnel. »
Sur le chômage, il alerte : le problème est moins conjoncturel que structurel.
« Le vrai défi, c’est l’employabilité. Trop de jeunes sortent du système éducatif sans être prêts pour le monde du travail. Nous devons réformer nos écoles et lancer les grands chantiers de demain. Et pour moi, ce chantier s’appelle digitalisation. »
Enfin, il partage une vision puissante d’un Gabon réconcilié, uni et tourné vers le développement humain durable.
« Le Gabon ne doit plus se penser en villages ou en ethnies, mais en nation. Mon village, c’est le Gabon tout entier. Et ce que je veux, c’est que dans 20 ans, le Gabonais soit reconnu dans le monde entier pour sa compétence, sa culture, son humanité. »
« Le Gabon de demain doit être inclusif, écologique, ouvert. Un pays qui n’exclut personne, ni par son âge, ni par sa politique, ni par son origine. Un pays où l’on peut rêver, construire et s’épanouir. »
Conclusion : un appel à la jeunesse
À la jeunesse gabonaise, Yannick Ebibie adresse un message simple, mais puissant :
« Vous n’êtes pas seuls. Vous êtes la clé. Formez-vous. Croyez en vos capacités. Et sachez que le Gabon a besoin de vous. Le monde a besoin de vous. »
Un homme de conviction, une parole d’impact, un appel au réveil collectif. Yannick Ebibie incarne cette génération de bâtisseurs discrets, mais efficaces, qui croient qu’un Gabon plus humain, plus juste, plus solidaire est non seulement possible… mais déjà en marche.
JACQUES ROGER
