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    Comparaison des trajectoires d’endettement du Sénégal et de la Côte d’Ivoire (2019–2024)

    Contexte et introduction

    Entre 2019 et 2024, le Sénégal et la Côte d’Ivoire – deux économies phares de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) – ont accru substantiellement leur endettement pour financer leur développement. Ces emprunts ont notamment servi à réaliser de grands travaux d’infrastructure (routes, transports, énergie, etc.), dans le cadre de leurs plans nationaux de développement. Cependant, les deux pays présentent des trajectoires d’endettement contrastées : le Sénégal fait face à une polémique de dette “cachée” révélée récemment, tandis que la Côte d’Ivoire affiche une gestion de la dette jugée plus prudente. Ce rapport compare l’évolution de la dette publique des deux pays sur 2019–2024, met en lumière leurs similitudes en matière de politique d’endettement (surtout pour les infrastructures), et examine si des soupçons de dissimulation de dette existent en Côte d’Ivoire, à l’image du cas sénégalais. L’analyse s’appuie sur les données et évaluations du FMI, de la Banque mondiale et d’experts économiques, et comporte un tableau comparatif récapitulatif.

    Trajectoire d’emprunt du Sénégal (2019–2024)

    La dette publique du Sénégal a connu une hausse rapide sur la période 2019–2024. En 2019, le ratio de dette publique avoisinait 64 % du PIB . Sous l’effet de déficits budgétaires importants (notamment pour financer des projets du Plan Sénégal Émergent) et des chocs successifs – pandémie de Covid-19, flambée des prix énergétiques, etc. – l’endettement a grimpé pour dépasser 80 % du PIB en 2023 , bien au-dessus de la norme de 70 % fixée par l’UEMOA. En parallèle, le service de la dette est devenu de plus en plus lourd, atteignant environ 32 % des recettes de l’État en 2023 (contre 9,5 % en 2012) , ce qui pèse sur les finances publiques.

    Utilisation des emprunts. Une grande partie de cette dette a financé des infrastructures majeures visant la transformation économique du pays. Par exemple, le Sénégal a émis des euro-obligations (Eurobonds) pour construire l’autoroute à péage Dakar–Diamniadio, et a contracté des prêts multilatéraux et bilatéraux pour le Train Express Régional (TER), l’Aéroport international Blaise-Diagne, le Bus Rapid Transit de Dakar, des centrales électriques, le pont de la Sénégambie, etc. . Ces investissements structurants, s’ils soutiennent la croissance future, ont contribué à alourdir considérablement la dette publique .

    Découverte d’une “dette cachée”. En 2025, un audit de la Cour des comptes sénégalaise a révélé des “lacunes graves” dans le contrôle budgétaire sous la présidence précédente. Le FMI a confirmé que 7 milliards de dollars de dette avaient été dissimulés entre 2019 et 2024 par l’ancienne administration . Concrètement, environ 25 % de l’encours de la dette n’avait pas été comptabilisé officiellement, ce qui a conduit à sous-estimer le ratio d’endettement. Une fois cette dette “cachée” prise en compte, l’endettement réel du Sénégal en 2023 frôle les 100 % du PIB . Cette révélation place le pays “dans une zone de dangereuses turbulences”, selon l’expression du chef de division Afrique du FMI . Elle a aussi terni la crédibilité financière du Sénégal : les agences de notation ont dégradé la note souveraine (par ex. Moody’s a abaissé la note à B3 perspective négative) et le FMI a suspendu temporairement son appui en attendant des clarifications . Le nouveau gouvernement sénégalais s’est engagé dans un exercice de transparence pour restaurer la confiance des investisseurs et du FMI.

    Trajectoire d’emprunt de la Côte d’Ivoire (2019–2024)

    La Côte d’Ivoire a également augmenté son niveau d’endettement sur 2019–2024, mais de manière plus maîtrisée. En 2019, la dette publique ivoirienne représentait environ 38 % du PIB, un héritage encore relativement faible grâce aux annulations de dettes dont le pays avait bénéficié dans la décennie précédente . Suite aux chocs de 2020–2022 (ralentissement lié au Covid-19, etc.) et aux efforts d’investissement, ce ratio a grimpé pour atteindre environ 58–59 % du PIB en 2023–2024 . La hausse est donc réelle (+20 points de PIB depuis 2019), mais la Côte d’Ivoire demeure en deçà du seuil UEMOA de 70 % et affiche un endettement plus soutenable que le Sénégal sur la période. D’après Fitch Ratings, la dette ivoirienne s’établissait à 58,1 % du PIB en 2023 (contre 56,6 % en 2022) et devrait culminer à ~58,3 % en 2024, avant de se stabiliser . Le risque de surendettement de la Côte d’Ivoire est ainsi jugé « modéré » par le FMI , en partie grâce à une croissance économique robuste et à une gestion active de la dette.

    Financement des infrastructures. Comme le Sénégal, la Côte d’Ivoire a massivement investi dans les infrastructures durant cette période, en combinant plusieurs sources de financement (emprunts intérieurs, eurobonds, prêts bilatéraux et multilatéraux). Les autorités ont mis en œuvre un Plan National de Développement ambitieux, incluant par exemple la construction du métro d’Abidjan (Ligne 1) – un projet de 1,3 milliard d’euros cofinancé par la France et d’autres partenaires – la modernisation du réseau routier et autoroutier, la réalisation de ponts et viaducs, l’expansion de capacités énergétiques (barrages hydroélectriques, centrales thermiques) ou encore des stades en vue de la CAN. La confiance des investisseurs envers la Côte d’Ivoire est restée solide, ce qui lui a permis de mobiliser des fonds importants sur les marchés : en janvier 2024, Abidjan a réussi une émission record de 2,6 milliards de dollars d’eurobonds (obligations internationales) sursouscrite par les investisseurs . Cette opération, première sortie de la Côte d’Ivoire sur le marché international depuis 2021, a même servi à refinancer par anticipation une partie de la dette commerciale existante à des taux plus avantageux . Parallèlement, la Côte d’Ivoire a bénéficié d’un programme du FMI de 3,5 milliards $ approuvé en 2023, témoignant de la confiance des bailleurs internationaux . L’accès aux financements externes étant maintenu, le pays a pu soutenir une croissance économique forte (environ +6 % par an) tout en contenant son déficit budgétaire. Fin 2023, le déficit fiscal est revenu à 5,2 % du PIB (après 6,8 % en 2022) et le gouvernement s’engage à le ramener à 3 % d’ici 2025 conformément aux critères de convergence régionaux .

    Politique d’endettement et cadre légal. Les autorités ivoiriennes ont affiché la volonté de maintenir une dette soutenable. Un nouveau projet de loi sur la politique d’endettement et la gestion de la dette publique a été adopté en mars 2024 par l’Assemblée nationale . Selon le ministre des Finances, M. Adama Coulibaly, ce texte consolide les outils juridiques pour emprunter au moindre coût tout en respectant les seuils de soutenabilité, et pour faire de l’endettement un levier de développement plutôt qu’un fardeau . Intervenant devant les députés, il a démenti vigoureusement les allégations de surendettement excessif ou de mauvaise gestion de la dette ivoirienne, en présentant des indicateurs conformes aux standards internationaux montrant que la dette reste soutenable . De fait, les agences de notation ont salué les efforts de consolidation budgétaire de la Côte d’Ivoire ces dernières années : le pays a même obtenu des améliorations de perspective sur sa note souveraine fin 2024, reflet d’une amélioration de sa solvabilité grâce aux réformes engagées

    Comparaisons et similitudes dans les politiques d’endettement

    Malgré des situations différentes, plusieurs similitudes se dégagent dans la stratégie d’endettement des deux pays entre 2019 et 2024 :

    • Boom de l’endettement post-2019 : Sénégal comme Côte d’Ivoire ont connu une progression rapide de leur dette publique, alimentée par des déficits budgétaires élevés (souvent >5 % du PIB) pour soutenir l’investissement public et amortir les chocs. Le Sénégal a vu sa dette passer d’environ 64 % à plus de 80 % du PIB sur 2019–2023 (voire ~100 % en réalité une fois la dette cachée incluse) . De son côté, la Côte d’Ivoire est passée de 38 % à ~58 % du PIB sur la même période . Autrement dit, les tendances d’endettement sont à la hausse dans les deux cas (voir tableau comparatif ci-dessous). Cette dynamique s’explique en partie par des choix similaires de politique économique.

    • Financement des grands travaux : Les deux gouvernements ont fait de l’investissement infrastructurel un moteur de croissance et n’ont pas hésité à mobiliser des emprunts pour le financer. Routes, ponts, chemins de fer, aéroports, réseaux électriques : beaucoup de ces projets structurants ont été réalisés grâce à des financements extérieurs (prêts multilatéraux de la Banque mondiale, BAD, BEI…, crédits bilatéraux auprès de pays partenaires, émissions d’eurobonds) ou intérieurs (marché financier de l’UEMOA). Cette orientation se retrouve tant au Sénégal qu’en Côte d’Ivoire . Par exemple, chaque pays a lancé un projet de train/métro urbain moderne (Train Express Régional de Dakar d’un côté, Métro d’Abidjan de l’autre) nécessitant des financements conséquents. L’endettement est ainsi perçu, dans les deux cas, comme un investissement dans l’avenir pour combler le déficit d’infrastructures et augmenter le potentiel de croissance à long terme.

    • Recours aux marchés internationaux : Sénégal et Côte d’Ivoire ont tous deux eu recours aux euro-obligations pour diversifier leurs sources de financement. La Côte d’Ivoire s’est distinguée en réussissant son retour sur les marchés en 2023–2024 avec de larges souscriptions, tandis que le Sénégal avait émis des eurobonds plus tôt (par ex. en 2018 et 2021) mais a dû interrompre ces émissions fin 2023 en raison de sa situation fiscale tendue . Néanmoins, sur l’ensemble de la période, chacun a vu la part de la dette commerciale augmenter (jusqu’à environ un tiers de la dette extérieure pour le Sénégal en 2023 , et une part significative également en Côte d’Ivoire). Les deux pays profitent par ailleurs de la stabilité monétaire apportée par le franc CFA (arrimé à l’euro), qui a maintenu l’inflation modérée et rassuré les créanciers .

    • Dépendance aux chocs et soutien des bailleurs : Tous deux ont dû accroître leurs emprunts en 2020–2021 pour faire face à la crise du Covid-19, avec l’appui des bailleurs internationaux. Le FMI est intervenu via des financements d’urgence ou programmes pour soutenir les deux économies. La Banque mondiale et la BAD ont aussi augmenté leurs prêts. Ainsi, la vulnérabilité aux chocs a souligné la nécessité d’une dette soutenable : la Côte d’Ivoire a relativement bien absorbé l’impact en maintenant une croissance positive dès 2020 , tandis que le Sénégal a subi un net ralentissement et accumulé du retard de paiement, notamment vis-à-vis de fournisseurs (d’où l’apparition de la dette cachée sous forme d’arriérés). Dans les deux cas, la question de l’optimisation de la dette pour éviter qu’elle n’entrave le développement futur est posée.

    Tableau comparatif – Indicateurs de dette et gestion (Sénégal vs Côte d’Ivoire) :

    IndicateurSénégalCôte d’Ivoire
    Dette publique (% du PIB, 2019)~64 %38 %
    Dette publique (% du PIB, 2023)>80 % (officiel) ~100 % (réel avec dette cachée)~58 % (risque de surendettement modéré selon FMI)
    Écart 2019–2023+16 points de PIB (officiel)+36 points env. (réel)+20 points de PIB
    Usage principal des empruntsInfrastructures de transport, énergie, etc. (Autoroute, TER, AIBD, BRT…)Infrastructures de transport, énergie, etc. (Métro d’Abidjan, routes, centrales…)
    Transparence de la gestionLacunes graves : dette non déclarée découverte (≈7 Mds $ cachés) . FMI a suspendu un programme en 2025 en attendant des clarifications.Gestion plus transparente : pas de dette cachée connue. Publication régulière des statistiques de dette et nouvelle loi de gestion de la dette (2024).

    Sources : Cour des comptes du Sénégal/FMI (pour la dette cachée) , rapport BAD 2024 , Credendo (pour ratio Côte d’Ivoire) , FMI (Article IV Côte d’Ivoire) , etc.

    Transparence de la dette publique en Côte d’Ivoire : qu’en est-il ?

    Étant donné le précédent sénégalais – où une part importante de la dette a été tenue hors des radars officiels – la question se pose de savoir si la Côte d’Ivoire aurait pu, elle aussi, dissimuler une portion de sa dette publique. À ce jour, aucun rapport du FMI, de la Banque mondiale ou d’audit interne n’a révélé de “dette cachée” en Côte d’Ivoire. Au contraire, les évaluations internationales soulignent plutôt des progrès en matière de transparence budgétaire à Abidjan. Par exemple, lors de la revue Article IV de 2024, le FMI a salué la « détermination des autorités » ivoiriennes à mener des réformes et a noté que la viabilité de la dette s’améliorait grâce à une meilleure gestion . Le FMI a néanmoins encouragé le gouvernement à élargir le périmètre budgétaire couvert et à renforcer la transparence, notamment en intégrant pleinement les opérations des entreprises publiques dans les comptes publics . Cette recommandation vise à prévenir toute accumulation de passifs hors bilan (par exemple de la part de sociétés d’État endettées avec garantie publique). Les autorités ivoiriennes semblent avoir anticipé ce point : le Ministère des Finances publie régulièrement un Bulletin statistique de la dette publique détaillant l’encours, y compris la dette garantie des entreprises comme CI-Energies ou la SIR (raffinerie d’État) . Cela tend à montrer une volonté de ne pas occulter les engagements financiers indirects.

    Des experts économiques ont également examiné la situation ivoirienne. Globalement, la Côte d’Ivoire est souvent citée en exemple d’un pays ayant su maintenir sa dette à un niveau modéré malgré des investissements massifs. La discipline budgétaire (retour progressif au déficit de 3 % du PIB d’ici 2025) et la forte croissance économique contribuent à contenir le ratio dette/PIB, ce qui réduit le besoin de “cacher” de la dette. En outre, la relation de confiance avec le FMI – concrétisée par le programme MEDC/FEC en cours et des décaissements réguliers – implique un suivi étroit des indicateurs d’endettement. Toute anomalie ou manipulation aurait probablement été détectée par les équipes du Fonds. À ce jour, aucune allégation crédible de trucage des chiffres de la dette ivoirienne n’est apparue dans le débat public ou dans les rapports des bailleurs. Bien sûr, l’opposition politique en Côte d’Ivoire, comme ailleurs, peut parfois accuser le pouvoir d’alourdir la dette de manière irresponsable. Mais ces critiques relèvent plutôt de la vigilance sur le niveau d’endettement (pour éviter un surendettement futur) que d’une accusation de dissimulation délibérée. Le ministre ivoirien de l’Économie a d’ailleurs répondu point par point à ces critiques en mars 2024, en assurant que la dette était « soutenable » et en démentant toute mauvaise gestion .

    En résumé, la Côte d’Ivoire ne présente pas, à l’heure actuelle, de “dette cachée” connue comparable à celle mise au jour au Sénégal. Les institutions financières internationales continuent de surveiller étroitement son niveau d’endettement, mais elles estiment que le risque est maîtrisé et que la transparence s’améliore. La crédibilité budgétaire ivoirienne a même été renforcée par des réformes récentes, ce qui tranche avec le cas sénégalais où des « dérives » comptables ont été constatées . Il reste toutefois crucial pour la Côte d’Ivoire de poursuivre dans la voie de la transparence et de la prudence : intégrer tous les engagements (y compris ceux des entités publiques) dans le calcul de la dette, publier les informations au fur et à mesure, et maintenir les efforts de réduction du déficit. Ces mesures garantiront que l’endettement reste un instrument au service du développement – financement des infrastructures, de l’éducation, de la santé – sans compromettre la soutenabilité financière du pays.

    Conclusion

    La période 2019–2024 a été marquée par une montée en puissance de l’endettement aussi bien au Sénégal qu’en Côte d’Ivoire, reflet de leur quête de développement accéléré et des circonstances économiques mondiales. Les deux pays ont recouru à la dette comme levier de croissance, investissant dans des infrastructures stratégiques pour l’avenir. Néanmoins, leurs destins divergent sur la question de la gouvernance de la dette. Le Sénégal aborde 2024 en devant gérer l’héritage d’une dette beaucoup plus élevée qu’annoncé initialement, ce qui nécessitera une correction de trajectoire et un rétablissement de la confiance. La Côte d’Ivoire, de son côté, aborde les prochaines années avec une dette encore soutenable et la reconnaissance des partenaires internationaux pour ses efforts de gestion saine – même si la vigilance demeure de mise pour éviter tout relâchement.

    En définitive, la similitude la plus notable est que les deux pays devront, à l’avenir, composer avec un espace budgétaire plus contraint par le poids de la dette accumulée pour financer leur développement. Ils devront arbitrer entre poursuivre les investissements nécessaires et consolider leurs finances publiques. La grande différence réside dans le point de départ : la Côte d’Ivoire semble mieux placée, ayant conservé la confiance des investisseurs et une dette transparente à un niveau modéré, tandis que le Sénégal doit restaurer sa crédibilité après la mise en lumière d’une importante dette non déclarée. Les enseignements de 2019–2024 invitent ainsi à renforcer la transparence et la responsabilité dans les politiques d’endettement, afin que chaque franc CFA emprunté contribue réellement – et visiblement – au bien commun et à une croissance durable.

    Sources : FMI (consultations Article IV, communiqués de presse), Banque mondiale (données de suivi pays), Banque africaine de développement, agences de notation (Fitch, Moody’s), presse internationale (Le Monde, RFI, Jeune Afrique) pour les analyses et révélations récentes , ainsi que les déclarations officielles des ministres des Finances des deux pays . Les chiffres et évaluations présentés reflètent l’état des connaissances au début 2025 et pourront évoluer à la lumière des audits et des efforts de transparence en cours.

    JACQUES ROGER

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