Manifestation des Congolais Tutsis à Washington D.C. : Un Cri d’Alerte au Gouvernement Américain
Manifestation des Congolais Tutsis à Washington D.C. : Un Cri d’Alerte au Gouvernement Américain
Le lundi 17 mars 2025, des membres de la diaspora congolaise Tutsi, principalement issus de la communauté Banyamulenge et du Sud-Kivu, se sont rassemblés devant le Capitole, l’Ambassade de la RDC et le Département d’État américain à Washington, D.C. Cette manifestation avait pour objectif d’alerter l’opinion publique américaine et internationale sur les crimes commis contre leur communauté en République Démocratique du Congo (RDC).
Un Appel à la Protection et à la Justice

Selon les organisateurs, cette marche était une réponse à l’inaction de la communauté internationale face aux massacres dont ils se disent victimes. Daniel, l’un des manifestants venu de Caroline du Nord, a expliqué :
« Nous sommes ici pour dénoncer les crimes commis contre notre communauté, les Banyamulenge, ainsi que contre la communauté Tutsi en général. Nous manifestons contre le gouvernement congolais dirigé par Félix Tshisekedi, qui discrimine une partie de la population tout en en protégeant une autre. Nous demandons aux États-Unis de faire pression sur Kinshasa pour que cesse cette répression. »
Un autre manifestant, membre de l’association Mahoro Peace, a souligné que ces crimes sont commis au vu et au su du monde entier, mais restent largement ignorés par les médias occidentaux.

« Ces crimes se déroulent sous l’œil des caméras du monde entier. Nous sommes tués, parfois même dévorés. Depuis 2021, rien n’a été fait. Ceux qui nous massacrent sont promus et appelés patriotes. Un nouveau terme, ‘Basalen’, a même été inventé pour désigner ces soi-disant patriotes qui tuent impunément. »
Les Propos de l’Organisatrice Adèle Kibasumba
Parmi les organisateurs de cette manifestation, Adèle Kibasumba, une militante engagée pour la cause des Tutsis congolais, a souligné l’importance de cette mobilisation et les attentes envers le gouvernement américain :
« Le premier objectif est vraiment de plaider en faveur des Tutsis congolais persécutés à l’Est de la RDC. Nous sommes ici pour échanger avec les législateurs américains et le Département d’État afin de les engager dans des politiques positives en faveur de l’indépendance nationale et du silence des armes. Nous voulons que les États-Unis et la communauté internationale prennent des mesures concrètes pour que notre peuple ne soit plus victime de ces atrocités. »

Sur la question du rôle de la communauté internationale, elle a ajouté :
« Je pense que la communauté internationale agit très bien, mais il est essentiel que les États-Unis continuent à jouer un rôle actif. Nous avons besoin d’une pression diplomatique forte pour que ces crimes cessent et que justice soit rendue aux victimes. »
Rencontre avec des Responsables Américains
La manifestation a été accompagnée d’une série de rencontres avec des élus américains au Congrès et au Département d’État. Les organisateurs ont remis un mémorandum appelant le gouvernement américain à ne pas limiter son regard sur la RDC aux seules ressources minières, mais à s’intéresser également aux persécutions ethniques et aux atteintes aux droits humains.
L’un des représentants de la diaspora Mr Safari Isoko a précisé :
« Nous ne voulons pas seulement dénoncer ces crimes, mais aussi exiger un dialogue qui aboutisse à une paix durable pour tous les Congolais, et pas seulement pour les Tutsis. Les Tutsis qui sont à Uvira doivent pouvoir marcher librement jusqu’à Minembwe. Ceux de Bukavu doivent pouvoir se rendre à Kindu sans crainte. Et à Kinshasa, nous ne devrions pas avoir peur de parler notre langue. »
Un Conflit Ethnique et Politique Ignoré
Les manifestants dénoncent la complicité du gouvernement congolais dans les exactions et le refus d’intégrer un véritable processus de réconciliation nationale. Ils accusent également Kinshasa d’alimenter le conflit avec le Rwanda pour détourner l’attention et stigmatiser les Tutsis congolais comme des étrangers.

« En RDC, certains officiers ayant participé au génocide ont été intégrés dans l’armée nationale. Comment peut-on dialoguer avec des personnes qui veulent nous exterminer ? Aujourd’hui, le gouvernement congolais préfère attiser un conflit avec le Rwanda, et nous nous retrouvons pris entre deux feux. Pourtant, nous sommes tous Congolais et voulons vivre sur notre terre. »
Le président Tshisekedi est particulièrement pointé du doigt pour sa politique de division, visant, selon les manifestants, à maintenir son pouvoir :
« Il divise pour mieux régner. Il a besoin d’un ennemi, et il utilise la question des Tutsis pour justifier une politique de terreur. Dans l’histoire de l’Afrique, les pays comme le Niger, le Mali ou la Guinée n’ont jamais chassé des ethnies entières sous prétexte qu’elles ressemblent à d’autres populations voisines. Mais en RDC, c’est ce qui se passe. »
Un Message d’Espoir Malgré la Colère
Interrogés sur l’impact des manifestations à l’étranger, certains manifestants reconnaissent que ces actions ne changeront pas immédiatement la situation sur le terrain. Cependant, elles permettent d’alerter l’opinion internationale et de créer une pression diplomatique.
« Ces manifestations sont cruciales, car elles permettent au monde de voir la réalité. Si un Malien entend parler de ce qui se passe ici, il peut se demander : et si on me disait demain que je n’ai plus ma place au Mali ? Nous voulons que le monde sache que nous existons et que nous avons le droit de vivre en paix, comme tous les autres Congolais. »
En conclusion, les manifestants ont appelé à une réconciliation nationale, un dialogue inclusif et la fin des persécutions ethniques. Ils ont réaffirmé leur attachement à la RDC et ont exigé un gouvernement responsable capable de juger les criminels et de protéger tous ses citoyens.



« L’espoir est ce qui nous maintient debout. Malgré tout ce que nous avons traversé, nous croyons encore que nous pourrons un jour vivre en paix dans notre pays, le Congo. »
Conclusion : Un Appel à l’Action Internationale
Cette manifestation, qui s’inscrit dans une mobilisation plus large de la diaspora congolaise, souligne l’urgence d’une réponse internationale face aux crimes perpétrés à l’est de la RDC. Reste à savoir si ces appels seront entendus par les dirigeants américains et la communauté internationale.
JACQUES ROGER
