Crise politique et sociale en Côte d’Ivoire : Analyse avec le Dr Éric EDI, Secrétaire Exécutif du Comité d’Action pour la Côte d’Ivoire (CACI)
Crise politique et sociale en Côte d’Ivoire : Analyse avec le Dr Éric EDI
À quelques mois des élections présidentielles de 2025, la Côte d’Ivoire est confrontée à des défis majeurs qui interpellent aussi bien la classe politique que l’ensemble de la population. Entre la crise de leadership au sein du PDCI-RDA, la transparence électorale, la fraude sur la nationalité et les tensions foncières, de nombreuses questions restent sans réponse.
Dans une interview exclusive accordée au Jacques Roger Show, le Dr Éric EDI, membre influent du Comité d’Action pour la Côte d’Ivoire (CACI-USA), a partagé son analyse des enjeux actuels et formulé des propositions concrètes pour sortir de l’impasse.
1. Le conflit Thiam-Billon : Un test pour l’unité du PDCI-RDA
Le Dr Éric EDI a abordé le conflit interne qui oppose Tidjane Thiam, président du PDCI-RDA, et Jean-Louis Billon, figure influente du parti. Pour lui, ce différend pourrait affaiblir le parti à quelques mois de la présidentielle s’il n’est pas rapidement résolu.
« Il y a, entre les mains du PDCI-RDA, une très bonne opportunité de réorienter la politique ivoirienne et de cocher une case : celle du changement générationnel. »
Le Dr Éric EDI insiste sur la nécessité pour les deux leaders de mettre de côté leurs différends et de dialoguer. Il estime qu’un accord interne serait bénéfique pour la stabilité du parti et son positionnement en 2025.
« Je suis sûr qu’il y a eu des velléités qui n’ont pas marché. Je suis sûr que, de part et d’autre, il y a eu des radicalisations. Mais si l’on peut s’asseoir pour signer un document avec le CAP, on peut aussi s’asseoir et dialoguer avec son propre camarade de parti. »
Le PDCI-RDA, selon lui, a une responsabilité historique : incarner une alternative crédible au pouvoir en place et éviter les divisions internes qui pourraient le fragiliser avant l’élection.
2. Une réforme urgente pour garantir la transparence électorale
La transparence du processus électoral est un autre point crucial soulevé par le Dr Éric EDI. Il rappelle que la révision de la liste électorale doit être annuelle, mais que cette obligation légale n’est pas toujours respectée.
« Le texte de loi dit que la révision de la liste électorale doit se faire chaque année, tous les 365 jours. Quand ce n’est pas fait, il y a un problème. »
Il dénonce également le manque de garanties sur l’indépendance de la Commission Électorale Indépendante (CEI) et appelle à une réforme de ses mécanismes de fonctionnement :
« Une commission électorale doit être capable de prendre des décisions sans interférence politique. Il faut une CEI qui joue pleinement son rôle, dans l’esprit et dans la lettre des textes en vigueur. »
Par ailleurs, il souligne que la localisation des bureaux de vote peut influencer la participation électorale :
« Le jour de l’élection, est-ce que les bureaux de vote sont placés à 500 mètres des électeurs alors que les moyens de déplacement sont limités ? Ce sont des critères qui influencent la transparence. »
Pour le Dr Éric EDI, il est impératif d’apporter des corrections maintenant, avant que les tensions ne s’aggravent à l’approche du scrutin.
3. La fraude sur la nationalité : une menace pour l’identité ivoirienne
La question de la fraude sur la nationalité ivoirienne a également été abordée. Selon le Dr Éric EDI, ce phénomène est directement lié à la gestion de l’état civil et constitue un problème structurel.
« Une Côte d’Ivoire ne peut pas se reconstruire en oubliant l’aspect de son état civil. Tantôt, on entend parler de personnes en possession de passeports ivoiriens alors qu’elles ne parlent même pas un mot de français. Comment ces gens ont-ils obtenu ces documents ? »
Il rappelle que cette fraude ne concerne pas seulement les passeports, mais tous les documents d’identité:
• Cartes nationales d’identité • Certificats de nationalité • Actes de naissance
Selon lui, le chaos dans l’attribution des documents officiels met en danger l’intégrité de la nation et nécessite une réforme profonde.
4. La privatisation des documents d’identité : un scandale à dénoncer
Un autre point soulevé par le Dr Éric EDI est l’externalisation de la production des documents d’identité ivoiriens à des entreprises étrangères, comme Schneider Electric, qui fabrique les passeports du pays.
« Pourquoi un État souverain ne peut-il pas gérer directement ses propres documents officiels ? »
Il critique le rôle des entreprises privées dans ce processus, qui perçoivent des commissions opaques et réduisent ainsi les recettes publiques.
« Il faut arrêter cela ! La gestion des documents d’identité doit être sous le contrôle exclusif de l’État. Chaque franc collecté doit bénéficier à l’intérêt national. »
Le Dr Éric EDI appelle à une reprise en main immédiate de ce secteur stratégique, afin de garantir la souveraineté de la Côte d’Ivoire sur l’identification de ses citoyens.
5. Nationalité et foncier : Un lien dangereux
Derrière la fraude sur la nationalité se cache un enjeu encore plus grand : l’accès à la propriété foncière.
« Ceux qui se battaient pour la question de la nationalité, en réalité, ce sont les terres ivoiriennes qui les intéressaient. Et c’est ce que nous constatons aujourd’hui. »
Selon le Dr Éric EDI, de nombreuses familles ivoiriennes sont spoliées de leurs terres par des individus qui ont obtenu des documents d’identité frauduleux. Il appelle à une réforme du foncier et à un contrôle strict des transactions immobilières.
6. Vers une réforme globale de l’état civil et du foncier
Pour répondre à ces crises, le Dr Éric EDI propose plusieurs réformes clés :
✅ Une administration modernisée et centralisée de l’état civil.
✅ Un audit général des documents d’identité.
✅ Une réforme de la CEI pour des élections plus transparentes.
✅ Un encadrement strict des transactions foncières.
« Il faut revoir toute la machine ! Si ces réformes ne sont pas mises en place, la Côte d’Ivoire continuera de faire face à des crises récurrentes. »
Conclusion : Un pays à la croisée des chemins
À travers cette interview, le Dr Éric EDI met en lumière les enjeux majeurs que la Côte d’Ivoire doit affronter avant 2025.
Si rien n’est fait, les tensions actuelles risquent de s’aggraver, entraînant de nouvelles crises post-électorales.
« L’histoire jugera ceux qui auront agi avec responsabilité et patriotisme. Il est temps de prendre des décisions fortes pour assurer un avenir stable à la Côte d’Ivoire. »
Le CACI reste mobilisé et appelle tous les acteurs politiques à travailler ensemble pour un avenir meilleur.
JACQUES ROGER
