Interview exclusive de Jean-Louis Billon : Sa colère contre les cadres du PDCI après sa plainte contre Ludovic Axel N’Guetta
“On m’attaque, ma famille aussi, et personne ne réagit !”
Dans cet entretien, Jean-Louis Billon exprime sa profonde indignation face à l’inaction des cadres de son parti après les attaques personnelles dont il a été victime, touchant désormais sa famille.
Un point central de l’entretien est sa critique virulente du pardon mal placé en Côte d’Ivoire, qu’il considère comme une des causes majeures de la corruption et du déni de justice. Selon lui, ce laxisme permet aux mêmes erreurs de se reproduire, citant notamment des affaires comme celle de Djorobité. Il fait ainsi un parallèle entre l’affaire qui le concerne et d’autres scandales nationaux, mettant en avant l’urgence d’un changement radical dans la gestion des conflits et de la justice.
Quatre questions à Jean Louis Billon
Jacques Roger : Merci, M. Billon, de m’accorder cette exclusivité, malgré le fait que j’aie apporté mon soutien à Thiam. Tout d’abord, pour information, pouvez-vous préciser les mots exacts qui vous ont conduit à engager une action en justice contre un militant de votre parti, Ludovic Axel Nguetta, dit Macron 1er ?
Non, je ne vais pas vous dire les mots exacts.

JR – Pourquoi pas ?
Billon : Ce n’est pas une simple vidéo, c’est un dossier complet. Il s’agit d’une succession de vidéos diffamatoires à mon égard et à celui de ma famille. Ce n’est pas une seule vidéo, mais plusieurs. J’ai même demandé à plusieurs jeunes ainsi qu’à son entourage de l’interpeller, mais sans succès
Durant toute ma carrière, je suis le seul de ma famille à faire de la politique. Aucun membre de ma famille n’est proche du milieu politique. Ma mère est souffrante depuis des mois, et je suis à son chevet. Puis, viennent des attaques contre elle. Ce n’est pas juste.
Je n’ai rien contre les Touaregs, mais ma mère n’en est pas une. Elle est d’origine malienne et alsacienne.
Ensuite, le jeune Axel affirme des choses qui ne sont pas vraies, ainsi que d’autres accusations contre ma famille qui portent atteinte à mon honneur, à mes affaires et à mes proches.
Ce qui est encore plus frustrant, c’est que, vu ma position au PDCI-RDA, personne n’a pris la peine d’interpeller ce jeune et de l’empêcher de tenir de tels propos. Pourquoi, depuis un moment, tout le monde m’appelle pour régler ce problème, alors que personne n’a agi plus tôt pour mettre fin à ces attaques ?
JR – L’interpellation de Macron 1er a donc été particulièrement musclée, avec une saisie de ses biens personnels. Il s’agissait donc d’une instrumentalisation de la justice pour isoler un militant de l’opposition en faveur d’un candidat qui servirait les intérêts du parti au pouvoir.
Billon – Ce n’est pas une instrumentalisation des choses. C’est une affaire entre Jean-Louis Billon et le nommé Macron 1er. Il ne faut pas impliquer quelqu’un d’autre là-dedans. Personne ne se lève pour dire quoi que ce soit. Il n’y a que moi. J’ai toujours été conscient de mes actes et de mes opinions. Il faut le savoir. Toujours.
Quand j’ai traité l’entourage de Thiam de “roperos”, c’est bien parce que personne n’interpellait ces jeunes pour qu’ils jouent balle à terre et se concentrent sur les vrais problèmes du PDCI-RDA et de la Côte d’Ivoire, plutôt que sur des attaques personnelles, des mensonges, des calomnies et des diffamations. C’était bien le sens de mon propos…
Le Président Bédié, lui, aurait demandé à ces jeunes d’arrêter. Thiam ne connaît pas bien la machine du PDCI, et son entourage devrait avoir le courage de le lui dire. Mais ce n’est pas le cas. C’est le sens de mon interpellation et de ma frustration.
Vous êtes donc une figure importante du PDCI-RDA, et cette affaire a suscité de nombreuses interrogations au sein du parti et de l’opinion publique, d’autant plus avec la publication d’un communiqué officiel du parti aujourd’hui. Pensez-vous que cette plainte pourrait affaiblir l’image du PDCI-LA en donnant l’impression d’un règlement de comptes interne ?
Le PDCI-RDA s’affaiblit de lui-même depuis longtemps avec ce genre de discours, un discours qui n’est pas un discours de paix. Beaucoup, au sein du PDCI-RDA, sont d’accord avec moi, mais personne n’ose en parler. Peut-être que cela sera enfin abordé lors du Bureau politique.
JR: Puisque vous parlez du Bureau politique, serez-vous présent le 5 avril 2025 ?
Billon : Il n’y a aucune raison pour que je ne sois pas présent.
La liberté d’expression, en tant qu’homme politique et ancien ministre, comment la considérez-vous, puisqu’elle est essentielle en démocratie ? Pensez-vous que cette affaire pourrait encourager une meilleure régulation de la parole sur les réseaux sociaux ?

La liberté d’expression ne signifie pas qu’on doit inciter les gens. La liberté d’expression ne signifie pas qu’on doit mentir et propager de fausses informations. La liberté d’expression ne signifie pas qu’on doit diffamer. Quand on diffame, on est hors la loi. Et quand on est hors la loi, il faut en répondre devant la loi.
Dans cette affaire, aujourd’hui, des milliers de personnes sont venues demander pardon. Mais c’est justement ce pardon mal placé qui nous conduit à des situations comme celle de Djorobité et à d’autres cas d’escroquerie et de corruption, encore et encore.
Si aujourd’hui on vole les terrains des gens, c’est parce que l’on continue à demander pardon, à fermer les yeux sur l’injustice et à entretenir le déni de justice et la corruption. Et c’est bien pour cela que rien ne progresse.
Il faut que cela change en Côte d’Ivoire. Tant que l’impunité, le déni de justice et la corruption perdureront, nous continuerons à tourner en rond sans avancer. Les choses doivent changer, comme vous pouvez le voir. Sachez qu’avec Billon, cela prendra fin. Trop, c’est trop.
Puisqu’il s’agit apparemment d’une affaire interne au PDCI-RDA, quelle est la solution pour sortir de cette crise ? Certains pensent que sous l’égide du grand parti, il y a la possibilité de trouver des arrangements.
Il y a eu plusieurs occasions de dialogue. Et à chaque fois, cela a été biaisé. Il ne faut pas oublier que je suis sous convocation du Conseil suprême. Pourquoi ? Ce n’est pas la même liberté d’expression.
Nous parlons ici de la solution pour sortir de la crise mr billon. Quelle est-elle ?
Il y a une crise ? Je ne sais pas. Je ne sais pas quelle est la solution pour en sortir. Je pense que le PDCI-RDA lui-même est cette crise aujourd’hui.
JR – Un mea culpa suivi d’excuses publiques, par exemple ?
Billon – Ne blâmez pas M. Axel. Il sait comment faire les choses, il sait comment arranger les choses.
Il ne vous a pas encore présenté ses excuses ?
Non.
Mais s’il le fait maintenant ?
Non. Je ne sais pas. Il faudrait en savoir un peu plus. Je pense qu’il y a des personnes derrière lui.
Très bien. Merci beaucoup, M. Billon.
Merci, JR. Vous êtes certes en faveur de Thiam, mais je pense que l’on peut échanger avec vous, car vous comprenez les vrais enjeux.
Jacques Roger, Leconservateur
