CÔTE D’IVOIRE: Analyse de l’arrestation de M. Ngueta Axel Ludovic Camena, dit Macron Premier : Une instrumentalisation de la justice contre l’opposition ?
Analyse de l’arrestation de M. Ngueta Axel Ludovic Camena, dit Macron Premier : Une instrumentalisation de la justice contre l’opposition ?

L’arrestation de M. Ngueta Axel Ludovic Camena, militant du PDCI-RDA connu sous le pseudonyme Macron Premier, soulève des questions fondamentales sur l’état de droit en Côte d’Ivoire, l’usage sélectif de la justice et le climat politique à l’approche de l’élection présidentielle de 2025.
- Une procédure judiciaire expéditive et suspecte
Selon les faits rapportés, M. Ngueta Axel Ludovic Camena a été interpellé sans avoir été convoqué au préalable ni entendu sur les accusations portées contre lui. Ce non-respect des procédures normales de convocation interroge sur la véritable motivation de son arrestation. De plus, la perquisition musclée de son domicile, avec la saisie de tout son matériel informatique, ses téléphones, ses appareils photo et même des effets personnels de son épouse, s’apparente à une volonté d’intimidation plus qu’à une simple enquête judiciaire.
L’enchaînement rapide des événements – arrestation, présentation au procureur et émission immédiate d’un mandat de dépôt – laisse penser à une procédure ciblée visant à neutraliser un militant engagé de l’opposition. Cette célérité contraste avec la lenteur observée dans le traitement d’autres dossiers impliquant des personnalités proches du pouvoir.
- Une justice instrumentalisée pour museler l’opposition ?
L’affaire de M. Ngueta Axel Ludovic Camena s’inscrit dans un contexte plus large de répression des voix dissidentes en Côte d’Ivoire. Depuis plusieurs mois, on observe une multiplication des arrestations et poursuites judiciaires visant des cadres et militants du PDCI-RDA, ainsi que d’autres opposants au régime. Cette tendance alimente le sentiment que la justice est utilisée comme un outil politique pour affaiblir l’opposition à l’approche des élections.
Le motif de diffamation évoqué pour justifier son arrestation peut être perçu comme un prétexte commode. Dans un pays où de nombreux acteurs politiques et influenceurs pro-gouvernementaux tiennent régulièrement des propos diffamatoires sans être inquiétés, l’application stricte de la loi à l’encontre d’un opposant apparaît comme une démarche sélective.
- Un signal inquiétant pour la démocratie et la cohésion sociale
L’arrestation brutale de militants politiques en période pré-électorale crée un climat de peur et de méfiance. Elle envoie un message inquiétant à ceux qui voudraient exprimer des opinions divergentes : la répression s’abattra sur eux avec une rapidité implacable. Cela risque de fragiliser davantage la confiance des citoyens dans les institutions judiciaires et électorales, qui devraient être des garantes d’impartialité et de justice.
Par ailleurs, ces arrestations contribuent à exacerber les tensions politiques et sociales. Loin de dissuader l’opposition, elles pourraient provoquer des réactions de défiance et de mobilisation accrues contre ce qui est perçu comme une dérive autoritaire du pouvoir.
- Quelle réponse pour le PDCI-RDA et l’opposition ?
Face à cette situation, le PDCI-RDA a dénoncé une atteinte aux droits fondamentaux et appelé à la mobilisation de ses militants. Toutefois, la réponse du parti devra aller au-delà d’un simple communiqué de protestation. Plusieurs pistes d’action pourraient être envisagées :
• Une mobilisation juridique et diplomatique : S’assurer que M. Ngueta Axel Ludovic Camena bénéficie d’une défense robuste et solliciter l’implication d’organisations nationales et internationales de défense des droits de l’homme.
• Une dénonciation sur la scène internationale : Mettre en lumière cette arrestation comme un exemple de la dérive répressive du régime auprès des partenaires internationaux de la Côte d’Ivoire.
• Un front commun de l’opposition : Face à la répression ciblée, une réponse coordonnée des différentes forces politiques d’opposition pourrait être envisagée pour exiger des garanties démocratiques dans le processus électoral à venir.
Conclusion
L’affaire de M. Ngueta Axel Ludovic Camena révèle une inquiétante dérive de la justice en Côte d’Ivoire, où la répression politique semble remplacer le débat démocratique. Si de tels agissements se poursuivent, ils risquent de miner la crédibilité du processus électoral de 2025 et d’aggraver les tensions politiques et sociales. À l’heure où le pays a besoin de stabilité et de dialogue, la tentation d’une justice à géométrie variable pourrait se révéler être un pari risqué pour ceux qui en usent comme une arme politique.
JACQUES ROGER