Reflexion sur l’avenir démocratique de la Côte d’Ivoire

Je suis allé à une réunion de haut niveau avec des intellectuels africains, en tant que membre de la délégation d’un autre pays africain. Pendant les discussions et les éloges des réalisations africaines, la CAN 2024 a été longuement mentionnée et saluée comme un événement marquant l’éveil de la conscience africaine et renforçant la fierté d’être Africain.

Sans mot dire, je suis resté assis, sans m’identifier comme Ivoirien, par souci de ne pas frustrer la délégation du pays avec lequel j’étais venu. Pourtant, au fond de moi, j’ai ressenti une immense joie intérieure et une profonde admiration pour les organisateurs, dont le chef de l’État, Alassane Ouattara. À ce moment-là, j’étais fier de lui.

De retour chez moi, je suis tombé par hasard sur un match clé de la CAN 2024 : Côte d’Ivoire – Sénégal, puis sur tous les autres matchs jusqu’à la finale. Le match Côte d’Ivoire – Mali, un moment historique encore chargé d’émotions, m’a captivé comme si je le regardais en direct, sans en connaître le résultat.

Ce fut l’occasion de revivre cette compétition à travers des analyses et des commentaires, jusqu’à son apothéose. J’ai alors réalisé, une fois de plus, l’impact profond de cette CAN et la fierté immense qu’elle a suscitée chez les Ivoiriens.

À cet instant, j’ai pensé au Président Houphouët-Boigny. Je suis resté silencieux et je me suis posé cette question : allons-nous détruire cet élan ? Pourquoi ne pas capitaliser sur cette dynamique et faire de la Côte d’Ivoire un pays d’excellence, une référence en matière de démocratie et d’alternance pacifique ?

Pourquoi songer à un quatrième mandat, illégitime et illégal, à 80 ans, en sachant que cela ne fera que provoquer de nouvelles crises ? Je serais encore fier de M. Ouattara s’il renonçait à cette boulimie du pouvoir et résistait à la tentation d’exploiter les émotions du peuple pour perpétuer un règne à vie.

Cette obsession de conserver le pouvoir à tout prix, alimentée par l’appétit vorace de son clan, de certains militants et profiteurs de tout acabit, ne saurait justifier un tel entêtement. Des épicuriens insatiables aux pilleurs du denier public, ces acteurs, dans leur arrogance et sans la moindre vergogne, mettent en péril l’avenir démocratique du pays.

Pourquoi ne pas rencontrer l’opposition et créer les conditions d’élections libres et transparentes, afin d’assurer la continuité de l’œuvre des Pères fondateurs ? Il sait pertinemment que Tidjane Thiam ou d’autres jeunes leaders compétents peuvent poursuivre le développement du pays, peut-être même mieux que lui. Pourquoi ne pas leur laisser une chance ?

Ce serait vraiment regrettable qu’il cherche encore à écarter tous les candidats sérieux pour se retrouver seul en lice, ou face à un candidat de façade, comme ce fut le cas avec KKB. Cette fois-ci, le peuple ne l’acceptera pas. Une nouvelle crise pourrait éclater dès l’annonce officielle de sa candidature pour un quatrième mandat.

Que la sagesse et l’esprit patriotique l’inspirent à préparer un passage de témoin à une nouvelle génération, symbole de la fin d’une ère et du début d’un avenir placé sous le signe de l’espérance.

Je veux encore rester optimiste et espérer que M. Ouattara finira par comprendre que son temps est révolu et que l’alternance sous une forme monarchique, qu’il semble envisager, ne passera pas, car les Ivoiriens ne l’accepteront pas.

La seule issue honorable est l’organisation d’élections libres et transparentes, où le véritable choix des Ivoiriens pourra s’exprimer et prévaloir. Que cela marque le début d’une ère démocratique, fondée sur le génie et le patriotisme ivoiriens, synonyme de progrès pour tous et de bonheur pour chacun.

Jacques roger