Foncier en Côte d’Ivoire : Un ministère de la Construction complice du chaos ?
Foncier en Côte d’Ivoire : Un ministère de la Construction complice du chaos ?

Le secteur foncier en Côte d’Ivoire est miné par des pratiques douteuses qui mettent en péril des milliers de propriétaires légitimes. Entre expropriations abusives, attributions opaques et collusions au plus haut niveau, la situation devient de plus en plus alarmante. Malheureusement, le ministère de la Construction, censé être le garant de la transparence et de la sécurité foncière, semble être au cœur même du problème.
Un ministère complice des spoliations foncières
Les témoignages s’accumulent. À Giorobité Toujours, un terrain de 1 900 m² appartenant à un particulier a été attribué par le ministère de la Construction à l’Organisation Africaine de la Propriété Intellectuelle (OAPI), représentée par l’OIPI en Côte d’Ivoire. L’État avait garanti qu’aucun litige n’existait sur cette parcelle, mais la réalité est tout autre. Le véritable propriétaire, détenteur d’une attestation foncière, n’a jamais été notifié de la cession de son terrain et n’a découvert le scandale qu’au moment où l’OIPI a commencé les travaux.

Un autre cas tout aussi édifiant concerne une dame, propriétaire d’un terrain à la Riviera Golf, dont les enfants sont les héritiers légitimes. Pendant qu’elle entreprenait des démarches pour sécuriser ses droits, elle a découvert que son bien avait été frauduleusement attribué à une autre personne. Pire encore, l’Agence de Gestion Foncière (AGEF) aurait retiré son dossier de manière opaque pour le remettre à deux individus prétendant être ses enfants. Ces derniers ont ensuite revendu le terrain à un proche du ministre de la Construction, qui, en usant de ses connexions, a créé une société immobilière et obtenu un ACD en toute légalité.
Ces affaires révèlent un schéma inquiétant où des collaborateurs du ministère sont directement impliqués dans des manœuvres frauduleuses. Loin de garantir la sécurité foncière, ils orchestrent un pillage organisé des terres en complicité avec des acteurs influents.
L’ADU, un faux remède ?
Le ministère de la Construction présente l’Attestation de Droit d’Usage (ADU) comme une solution miracle pour mettre fin aux conflits fonciers. Mais sans un audit préalable des nombreuses irrégularités qui gangrènent le système, cette réforme risque d’être un écran de fumée. Comment faire confiance à un ministère qui continue d’attribuer des terres déjà occupées sans notifier les propriétaires légitimes ? Comment croire en la transparence alors que les pratiques frauduleuses se multiplient en toute impunité?
Une citoyenne ivoirienne, victime d’un agent véreux du ministère de la Construction, s’exprime sur NCI: « On veut investir dans notre pays, mais on nous vole. Quand on veut porter plainte, on nous répond que c’est le fils d’untel, le petit frère d’un tel… et au final, rien n’aboutit. »
Saluer les victimes et les voix courageuses
Face à ces injustices, il est crucial de saluer la résilience des victimes qui continuent de se battre pour leurs droits malgré les obstacles administratifs et judiciaires. Ces citoyens, privés de leurs terres, méritent une reconnaissance et un soutien indéfectible.
Par ailleurs, il est important de souligner le travail remarquable de certains journalistes et analystes qui n’hésitent pas à dénoncer ces dérives. À cet égard, Ali Diarrassouba s’est distingué ces dernières semaines par son émission critique et percutante. Si ses prises de position contre Tidjane Thiam sont sujettes à débat, il faut reconnaître qu’il mène un excellent travail d’investigation et d’alerte sur les scandales fonciers qui gangrènent la Côte d’Ivoire. Son engagement journalistique mérite d’être encouragé, car il met en lumière des vérités que beaucoup voudraient cacher.
L’heure de la responsabilité
Le ministre de la Construction peut-il continuer à détourner le regard face à ces scandales ? Peut-on tolérer que des fonctionnaires censés protéger les citoyens deviennent des complices de leur spoliation ? Il est urgent que des mesures fortes soient prises pour restaurer la confiance et garantir une véritable transparence foncière en Côte d’Ivoire.
L’opinion publique, les médias et la société civile doivent redoubler de vigilance et exiger des comptes. Le foncier est un enjeu crucial pour la stabilité et la justice sociale du pays. Il est temps que les autorités assument leurs responsabilités et cessent d’alimenter un système qui détruit des vies et alimente l’impunité.
