CÔTE D’IVOIRE: Analyse des motivations derrière la nomination de Patrick Achi
Analyse des motivations derrière la nomination de Patrick Achi
La récente nomination de Patrick Achi à un poste stratégique au sein de l’appareil étatique semble répondre à plusieurs objectifs, tant pour son propre parcours politique que pour la gestion des ambitions au sein du RHDP à l’approche de l’échéance présidentielle de 2025.


Un repositionnement stratégique pour brider des ambitions précoces
Depuis quelques mois, Patrick Achi s’illustrait par une hyperactivité, tant sur la scène nationale qu’internationale. En multipliant les apparitions publiques de prestige, notamment en enseignant à Harvard ou en participant au Forum de Paris sur la Paix, il semblait se dessiner une stature présidentielle. Ces initiatives rappellent les efforts de Tidjane Thiam, candidat du PDCI, pour asseoir son image d’homme d’État technocrate et internationalement respecté.
Cette visibilité accrue de Patrick Achi, combinée à ses actions locales – notamment son rapprochement des électeurs dans sa région natale de La Mé – laissait transparaître des ambitions politiques pour 2025. Mais au sein du RHDP, une règle tacite subsiste : aucune personnalité ne doit occuper le devant de la scène tant qu’Alassane Ouattara n’a pas clarifié ses intentions pour la prochaine présidentielle. Sa nomination peut ainsi être interprétée comme une manière de « refroidir » ses aspirations prématurées, en le maintenant dans une fonction officielle où ses mouvements seront scrutés et limités.
Un message politique clair au sein du RHDP
La perspective d’une candidature d’Alassane Ouattara pour un quatrième mandat à 83 ans divise, même au sein de son propre camp. Cependant, toute démarche alternative pourrait être perçue comme une remise en question de son leadership. En ce sens, la nomination de Patrick Achi envoie un signal fort : le contrôle de la situation reste entièrement entre les mains du Président. Cette stratégie permet d’éviter toute fragmentation ou désorganisation au sein du RHDP, en neutralisant les « dissidences silencieuses » tout en préservant les chances de l’actuel président de se repositionner en cas de nécessité.
Un potentiel successeur en réserve ?

La formule implicite du message « reste tranquille, après moi c’est toi » semble sous-jacente dans cette nomination. Si Patrick Achi est temporairement écarté des projecteurs, il n’est pas pour autant exclu du jeu politique. Au contraire, cette position pourrait être perçue comme une opportunité de consolider ses bases et de patienter jusqu’à ce qu’Alassane Ouattara décide de passer le flambeau. Ainsi, sa nomination pourrait s’avérer être une étape transitoire, lui permettant de rester au cœur du pouvoir tout en évitant d’enfreindre les règles tacites du RHDP.
Un recalibrage face aux pressions internationales

Les récentes rencontres de Patrick Achi avec des figures influentes telles que Kristalina Georgieva, Directrice générale du FMI, ont renforcé l’idée qu’il cultivait un réseau diplomatique et économique stratégique pour se positionner comme un potentiel candidat crédible sur la scène internationale. Cependant, ces manœuvres, bien qu’admirables, pourraient être perçues comme précipitées dans le contexte politique ivoirien, où toute candidature doit être validée par le chef du parti majoritaire.
Les cartes bientôt rabattues ?
Alors que la présidentielle d’octobre 2025 approche, le RHDP semble vouloir préserver une cohésion de façade, en maintenant les éventuels prétendants sous contrôle. Patrick Achi, malgré ses efforts pour polir une image présidentielle, doit désormais évoluer dans l’ombre d’Alassane Ouattara. Cependant, cette nomination pourrait aussi être le prélude d’une stratégie à long terme où il apparaît comme l’héritier naturel.
Comme le dicte un adage populaire : « Les Ivoiriens ont l’heure, le Président a l’horloge. » Toute décision semble aujourd’hui suspendue au choix ultime d’Alassane Ouattara, qu’il s’agisse de briguer un nouveau mandat ou de désigner son successeur. En attendant, Patrick Achi devra jouer son rôle dans le cadre défini par le Président, tout en gardant en tête que la politique est un jeu de patience et de stratégie. La surprise pourrait bien venir plus tard, au moment opportun.
JACQUES ROGER
