Côte d’Ivoire: Le Gouvernement Ivoirien : Plus Humain avec les Réfugiés Burkinabè qu’avec ses Propres Citoyens ?
Le Gouvernement Ivoirien : Plus Humain avec les Réfugiés Burkinabè qu’avec ses Propres Citoyens ?

À première vue, on pourrait saluer un geste empreint d’humanité et de solidarité : le gouvernement ivoirien construit des logements en dur pour les réfugiés burkinabè fuyant les violences terroristes. Mais cette initiative soulève une question qui dérange : pourquoi ce zèle pour des étrangers, tandis que les populations locales, notamment au Nord, vivent encore dans des conditions précaires, dans des maisons en terre battue ?
Les réfugiés burkinabè, des VIP ?
Selon les chiffres officiels, la Côte d’Ivoire accueille environ 70 000 réfugiés burkinabè, dont plus de 12 000 sont installés dans des camps modernes en attendant la finalisation des autres logements.
Ces infrastructures, dignes d’un « plan Marshall » ou, pour tropicaliser, d’un « plan Ouattara » comprennent des maisons en dur, un luxe que bien des Ivoiriens n’oseraient même pas espérer. Cette générosité envers les réfugiés est rendue possible grâce à une collaboration entre l’État ivoirien et des organismes internationaux. Les réfugiés y bénéficient de logement, de nourriture, et même de soutien pour leur intégration.



Pendant ce temps, les populations locales du Nord continuent de survivre dans des cases en terre battue, dans une précarité chronique. Ces mêmes régions, déjà fragilisées par des infrastructures déficientes et une économie au ralenti, subissent maintenant le poids de cette « hospitalité légendaire » qui épuise des ressources déjà limitées.
Abidjan, le théâtre d’une inhumanité spectaculaire
Si le Nord souffre d’un abandon structurel, Abidjan n’est pas en reste. Les récentes démolitions dans la capitale économique, menées dans des conditions spectaculaires, ont laissé des milliers de familles ivoiriennes sans abri, livrées à elles-mêmes. Ces destructions, exécutées sans alternatives viables, contrastent brutalement avec le traitement réservé aux réfugiés burkinabè.






Les Ivoiriens d’Abidjan, délogés de manière brutale, observent avec amertume ces logements modernes construits pour des étrangers, alors qu’eux sont condamnés à la rue ou à des solutions temporaires indignes.
Les Ivoiriens sacrifiés sur l’autel de l’image internationale
Le contraste est saisissant et suscite des interrogations. Le gouvernement semble davantage préoccupé par sa réputation internationale que par le bien-être de ses propres citoyens. En construisant des camps modernes pour les réfugiés, il se positionne comme un exemple de générosité en Afrique, mais à quel prix ? Celui de l’abandon de ses propres populations.


Les populations du Nord, confrontées à la rareté des terres et à une pression démographique accrue due à l’arrivée massive des réfugiés, s’inquiètent des tensions à venir. Partage de terres, ressources insuffisantes, risques d’insécurité : autant de problèmes qui risquent d’exploser si rien n’est fait pour équilibrer les priorités.
Vers une révolte silencieuse ?
Comment justifier une telle disparité dans le traitement entre les réfugiés burkinabè et les Ivoiriens ? Le gouvernement doit répondre à cette question avant qu’elle ne devienne le terreau d’une révolte silencieuse.

Les Ivoiriens, du Nord au Sud, méritent autant que les réfugiés des logements dignes, une prise en charge respectueuse et des politiques qui placent leur bien-être au centre des priorités. À défaut, le gouvernement continuera de nourrir un ressentiment qui pourrait avoir des conséquences dramatiques pour la cohésion nationale.
En attendant, les citoyens, comme des spectateurs impuissants, regardent leur gouvernement célébrer une humanité sélective, où l’Ivoirien semble être un citoyen de seconde zone dans son propre pays.
Et finalement, une question s’impose : Alassane Ouattara, qui a passé toute sa jeunesse en Haute-Volta, aujourd’hui Burkina Faso, et qui aurait même bénéficié d’une bourse généralement attribuée aux brillants étudiants voltaïques, serait-il plus sensible à la cause burkinabè qu’à celle des Ivoiriens ?
JACQUES ROGER

LECONSERVATEUR