BREAKING NEWS – Le Nitrate d’Ammonium : Une Bombe à Retardement au Large d’Abidjan
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
Le nitrate d’ammonium est un composé riche en azote, et un principal intrant pour l’engrais (NP et NPK). Il est couramment utilisé comme fertilisant dans l’agriculture.

Le port d’Abidjan a traité respectivement en 2023, un trafic de 20 000 tonnes, et en 2024, un trafic de 38 000 tonnes.
Le navire « ZIMRIDA » battant pavillon de la Barbade, ayant pour consignataire (représentant de l’armateur) SAKINA SHIP SERVICE, et transportant 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium (dont 3 000 tonnes doivent être déchargées à Abidjan), est arrivé en rade extérieure du port d’Abidjan le 30 décembre 2024. Il devait rentrer au port d’Abidjan pour accoster le 06 janvier 2025 à 16h GMT.
À la suite d’allégations faisant état d’une avarie de la cargaison transportée, et par précautions en vue de protéger les populations et les biens, les dispositions particulières suivantes ont été prises :
● Le navire restera en rade extérieure (en mer) en dehors des eaux ivoiriennes ;
● Une réunion de tous les services compétents de l’État dont le Port Autonome d’Abidjan et les Douanes ivoiriennes, avec le propriétaire de la Marchandise et le transporteur, est prévue se tenir le lundi 06 janvier 2025 à 9h30mn GMT, au siège du Port Autonome d’Abidjan, pour un examen approfondi du sujet.
C’est le lieu de rassurer les populations ivoiriennes que toutes les marchandises, entrant ou débarquant dans les ports ivoiriens, font l’objet de contrôle assidu par les services compétents de l’État, qui veillent en permanence sur la santé et la sécurité des populations.
La cargaison en question sera donc traitée selon les règles de l’Art, et les populations ivoiriennes seront informées des évolutions futures sur le sujet.
Pour rappel, le Port Autonome d’Abidjan, certifié à la norme environnementale ISO 14001 et au Code ISPS pour la sûreté et la sûreté et sécurité des biens et des personnes, tient à rassurer les populations sur la veille permanente à cet effet.
LA DIRECTION GÉNÉRALE
Port Autonome d’Abidjan, Société d’État au capital de 100.000.000.000 F CFA, régie par la loi n°2020-626 du 14 Août 2020 portant définition et organisation des Sociétés d’État et par le décret n° 092-940 du 23 décembre 1992 portant transformation du Port Autonome d’Abidjan (P.A.A) en Société d’État, dont le siège social est sis à Abidjan-Treichville, Rue A22 des Piroguiers, Boulevard du Port, adresse : BP V85 Abidjan et immatriculée au RCCM sous le numéro CI-ABJ-03-2021-M-00928, Tél : 27-21-23-80-00, Téléfax : 27-21-23-80-80, Web : www.portabidjan.ci
UNE ANALYSE DU COMMUNIQUÉ
Ce communiqué du Port Autonome d’Abidjan suscite de nombreuses interrogations et laisse planer une certaine ambiguïté, notamment compte tenu de la nature sensible de la cargaison concernée : 20 000 tonnes de nitrate d’ammonium, une substance chimique connue pour ses usages agricoles, mais également pour ses risques potentiels en cas de mauvaise manipulation ou d’avaries (comme en témoignent des incidents tragiques dans d’autres pays). Voici une analyse critique du document :


1. Un timing suspect
Le communiqué admet que le navire « ZIMRIDA » est arrivé en rade extérieure le 30 décembre 2024, mais son entrée au port est programmée pour le 6 janvier 2025, soit une semaine plus tard. Cette période d’attente semble curieuse, surtout en présence d’allégations d’avarie. Pourquoi cette décision n’a-t-elle pas été anticipée avant son arrivée dans les eaux ivoiriennes ?
2. Gestion de crise ou camouflage ?
L’annonce d’une réunion le 6 janvier 2025 entre les parties prenantes, alors même que des doutes sérieux sur l’état de la cargaison sont soulevés, donne l’impression d’une tentative de gagner du temps ou de maquiller des négligences. Si le problème a été détecté avant l’accostage, pourquoi attendre une réunion alors que des mesures immédiates auraient pu être prises pour sécuriser la cargaison ?
3. La position en rade extérieure : une réelle sécurité ?
Le choix de maintenir le navire en rade extérieure “en dehors des eaux ivoiriennes” est présenté comme une mesure de précaution pour protéger les populations et les biens. Cependant :
• Si la cargaison est réellement avariée ou dangereuse, la simple distance par rapport aux côtes suffit-elle à écarter tout risque ?
• Où se trouve précisément le navire ? S’il reste proche des eaux ivoiriennes, les éventuelles conséquences pourraient toujours impacter la zone.
4. Une communication rassurante mais peu transparente
Le communiqué insiste à plusieurs reprises sur la certification ISO 14001 et le respect du Code ISPS, comme pour rassurer les populations sur la gestion sécurisée des marchandises. Cependant, cette insistance peut être perçue comme une stratégie pour détourner l’attention des faits essentiels :
• Quelle est la nature exacte de l’avarie alléguée ?
• Les analyses préliminaires ont-elles été faites ? Si oui, pourquoi ne sont-elles pas mentionnées ?
• Quels risques spécifiques la cargaison présente-t-elle pour les populations et l’environnement ?
5. Les précédents et le manque de confiance
L’évocation d’une “affaire Probo Koala” par les critiques illustre une perte de confiance des citoyens envers les autorités portuaires et étatiques. Dans cette affaire tristement célèbre, des déchets toxiques avaient été illégalement déversés en Côte d’Ivoire en 2006, causant une crise sanitaire majeure. Ce précédent pousse les populations à douter des contrôles “assidus” évoqués dans le communiqué.
6. Questions cruciales
Le communiqué, en évitant des détails clés, soulève davantage de questions :
• Qui est responsable de cette cargaison (propriétaire, consignataire, transporteur) ?
• Comment le nitrate d’ammonium a-t-il été chargé, et dans quelles conditions ?
• Pourquoi un navire transportant une matière aussi sensible est-il autorisé à s’approcher du port sans une inspection préalable rigoureuse ?
Conclusion
Plutôt que de rassurer, ce communiqué donne une impression de gestion de crise maladroite, voire de couvercle posé sur une affaire potentiellement explosive. Si les autorités souhaitent réellement regagner la confiance des Ivoiriens, elles devront rapidement fournir des informations précises et transparentes sur l’état de la cargaison, les risques encourus, et les mesures prises pour protéger les populations et l’environnement. Le silence ou la désinformation ne feraient que raviver les suspicions et nourrir les accusations d’irresponsabilité.
NANAN APPINDRIN, ABIDJAN POUR AFRIQUE2050