Ma réponse au plus caméléon des journalistes, l’ancien DG d’Ivoir’ Soir et de Fraternité Matin, Venance Konan.
Réponse à Venance Konan
Monsieur Venance Konan,
Permettez-moi de répondre à vos propos, non pas pour alimenter des querelles inutiles, mais pour recentrer le débat sur des faits et des questions pertinentes, loin des attaques personnelles et des jugements subjectifs.

Vous accusez M. Tidjane Thiam d’avoir ignoré la Côte d’Ivoire pendant 23 ans. Mais j’aimerais vous poser une question en retour : où étiez-vous entre 1960 et 1989, lorsque la Côte d’Ivoire vivait son “miracle économique” sous le président Houphouët-Boigny ? Étiez-vous aussi préoccupé par les origines de M. Alassane Ouattara, aujourd’hui président et, selon vos dires, celui qui a permis à la Côte d’Ivoire de “se tenir sur ses deux jambes” ? Étiez-vous déjà en train de défendre ceux qui “ont tenu et construit le pays”, ou votre indignation est-elle née récemment ?
Ensuite, vous affirmez que M. Thiam aurait “abandonné” la Côte d’Ivoire pour se tourner vers la France. Vous reconnaissez pourtant dans vos propres écrits qu’il a dû surmonter des obstacles en tant que Noir dans des institutions internationales et qu’il a réussi à se hisser parmi les grands de ce monde. Peut-être auriez-vous préféré qu’il reste dans une Côte d’Ivoire qui, selon vous, ne lui aurait pas offert les opportunités qu’il a trouvées ailleurs.

Vous parlez de 23 ans d’absence comme si c’était un crime, mais oubliez de mentionner que pendant ces années, M. Thiam, par sa brillante carrière, a porté haut les couleurs de la Côte d’Ivoire dans le monde entier. Pensez-vous réellement que les actions d’un homme doivent se limiter à un territoire pour prouver son attachement à ce pays ?
Quant à votre défense du président Ouattara, je ne peux que m’étonner de votre silence passé sur les questions de ses origines, lui qui a subi les mêmes accusations que celles que vous adressez aujourd’hui à M. Thiam. Ce même président que vous félicitez aujourd’hui, n’était-il pas aussi d’origine “voltaïque”, comme vous aimez le rappeler ? Et pourtant, il a contribué au développement du pays, tout comme M. Thiam aspire à le faire à travers ses propres idées et ambitions.
Enfin, vous semblez oublier que la politique ne se limite pas à flatter ou remercier un dirigeant en place, mais à proposer une vision, des idées, et à débattre de manière constructive. Plutôt que de s’attarder sur des accusations sans fondement, ne serait-il pas plus productif d’écouter les projets de M. Thiam et de confronter ces idées à celles de ses potentiels adversaires ?
En somme, les Ivoiriens ne cherchent pas à savoir qui était où, mais plutôt qui peut faire quoi pour leur avenir. Revenons à des débats d’idées, Monsieur Konan, car c’est cela qui fera avancer la Côte d’Ivoire.
Respectueusement,
Jacques Roger

B🇨🇮DBA.(Bring 🇨🇮 Dream Back Again)
Ensemble, redonnons vie au rêve ivoirien !
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LA NOTE DE VENANCE KONAN

Toujours des questions
Dans une récente chronique, j’avais posé de simples questions à M. Tidjane Thiam qui ont eu le don d’énerver un certain nombre de ses partisans. J’en suis désolé mais j’estime avoir le droit de lui poser ces questions, puisque M. Thiam aspire à être le président de mon pays et à me diriger. Et je ne vois pas en quoi lui demander pourquoi il a ignoré notre pays pendant 23 ans est une insulte. Puisqu’il dit que nous ne sommes pas à un concours de présence, se refusant ainsi de répondre aux questions, je vais donner moi-même la réponse.
M. Thiam est Ivoirien et Français, ce qui en soi n’est pas un péché. M. Thiam avait de l’ambition, ce qui est une excellente chose. Il avait fréquenté les plus prestigieuses écoles françaises, il était brillant, mais il avait le handicap d’être Noir. Et s’il fallait ajouter à cela celui d’être citoyen d’un pays africain, c’était un handicap de trop. Il a alors choisi d’être exclusivement français, tournant résolument le dos à son autre patrie, la Côte d’Ivoire. Il avait d’ailleurs publié un texte pour l’Institut Montaigne, dans lequel il racontait son émotion d’être français et sa gratitude à la France. En voici un extrait : « Gratitude profonde et réelle pour l’éducation que la France m’a donnée, mais aussi et simplement pour les opportunités qu’elle m’a offerte d’intégrer grâce à un système de sélection ouvert et transparent ses meilleures écoles, d’y bénéficier de l’enseignement dispensé par ses meilleurs cerveaux, fruit de siècles de recherche, de travail acharné et d’efforts. Il n’est pas possible pour moi de dire assez combien tout cela m’a servi et me sert encore chaque jour dans mon rôle de directeur financier d’une des premières entreprises britanniques. » Oui, M. Tidjane Thiam avait rompu avec la Côte d’Ivoire. Plus rien de ce qui touchait ce pays ne le concernait dorénavant. Il était devenu Français, exclusivement Français. Grâce à cela, il avait pu, lui le Noir, diriger des grandes entreprises de taille mondiale, côtoyer les plus grands dirigeants de ce monde. Après son départ, la Côte d’ivoire s’est retrouvée par terre. Tout ce que nous n’avions jamais pu imaginer est arrivé à notre pays. Guerre entre nous Ivoiriens, le pays coupé en deux, guerre avec la France, le palais construit par Houphouët-Boigny bombardé, le monde entier qui nous faisait du bouche-à-bouche… A aucun moment M. Thiam ne s’est senti concerné. A partir de 2011 la Côte d’Ivoire a commencé à se redresser. Nous avons gagné la CAN en 2015. M. Thiam n’a pas daigné féliciter la Côte d’Ivoire. Normal, puisque ce pays n’était plus le sien. Même lorsqu’il a perdu son frère et sa sœur, il ne s’est pas cru obligé de venir assister à leurs obsèques. La Côte d’Ivoire, sous Alassane Ouattara s’est péniblement mise sur un genou, ensuite sur deux, puis elle s’est tenue sur ses deux jambes. Oui, elle dandine encore, mais elle s’est relevée. Grâce au leadership d’Alassane Ouattara, grâce au travail de tous les Ivoiriens. M. Thiam n’a à aucun moment apporté sa contribution à la Côte d’Ivoire depuis plus de 23 ans.
Et c’est maintenant que cette Côte d’Ivoire là retrouve des couleurs, qu’elle est redevenue le moteur économique de l’Afrique de l’ouest, qu’elle fait envie, que M. Thiam va venir nous dire que tout ce que nous avons fait est faux, que le pays est mal géré, qu’il est le seul qui peut le diriger ? Parce qu’il a été major à Polytechnique ? Parce qu’il a dirigé une grosse compagnie d’assurance et une banque qui a fait faillite dès qu’il l’a quittée ? N’est-ce pas se moquer des Ivoiriens, à commencer par les militants du PDCI que d’avoir cette prétention-là ? Où étiez-vous, M. Thiam, lorsque nous pleurions à cause de notre pays coupé en deux, à cause des escadrons de la mort, à cause des rebelles qui enfermaient des personnes dans des conteneurs, à causes des personnes mortes au stade, lorsque nous tremblions sous les bombes ? Où étiez-vous lorsque nous dansions après notre CAN en 2015 ? Où étiez-vous lorsque notre pays connaissait l’un des plus forts taux de croissance dans le monde, lorsque nous construisions nos routes, nos barrages, nos ponts ? Qu’avez-vous dit lorsque des terroristes ont tués des dizaines de personnes à Grand Bassam, dans le nord de notre pays ? Vous ne vous êtes pas senti concerné.
Lorsque vous revenez dans votre pays que vous avez abandonné pendant vingt et trois ans, remerciez ceux qui l’ont tenu, qui l’ont construit, qui l’ont remis sur ses jambes.
Venance Konan