Le Town Hall de Jean-Louis Billon à Paris : Une Vision Réformiste pour la Côte d’Ivoire
Jean-Louis Billon : Une Vision Réformiste pour la Côte d’Ivoire

Lors de son intervention au town hall de Paris, Jean-Louis Billon a dévoilé une vision claire et ambitieuse pour la transformation de la Côte d’Ivoire. S’appuyant sur des problématiques économiques, sociales et politiques majeures, il a présenté des solutions pragmatiques pour relever les défis du pays. Voici les principaux enseignements tirés de ses propos.
1. Une Réforme Fiscale pour Doubler les Recettes
« Il vaut mieux payer moins d’impôts, mais que tout le monde paye », a affirmé Billon, dénonçant les nombreuses exonérations fiscales qui minent les finances publiques. Il s’est inspiré du modèle rwandais, où chaque ticket de caisse devient un ticket de loterie, incitant ainsi à la collecte de la TVA. « Au Rwanda, tout le monde réclame son ticket parce qu’il peut gagner une voiture ou une villa. C’est facile d’améliorer les recettes fiscales », a-t-il ajouté. Selon lui, une réforme fiscale efficace permettrait de tripler les recettes de l’État, tout en garantissant une justice économique.
2. Reprendre le Contrôle sur le Secteur du Cacao
Jean-Louis Billon a critiqué la libéralisation imposée par la Banque mondiale, qui a affaibli la position de la Côte d’Ivoire dans le secteur du cacao. « Nous étions les plus grands exportateurs au monde, mais en un an, les multinationales nous ont écrasés et nos structures locales comme le SICC ont disparu », a-t-il déploré. Il appelle à rétablir un fonds de stabilisation, capable de protéger les producteurs contre la volatilité des prix et d’assurer des revenus décents. « Nous devons permettre aux femmes et aux travailleurs de vivre dignement de leurs récoltes », a-t-il insisté.

3. Moderniser les Infrastructures pour la Compétitivité
Pour Billon, l’état des infrastructures routières est un frein majeur à la compétitivité économique. « Quand les routes sont impraticables, des produits pourrissent avant d’arriver au marché. Ce sont les consommateurs qui en payent le prix », a-t-il expliqué. Il propose un modèle d’entretien communautaire des routes, inspiré du système des cantons utilisé chez les voisins. « Chaque village entretient une partie de la route qui le relie au suivant. Cela redistribue les revenus localement et garantit des routes en bon état », a-t-il ajouté.
4. Une Redistribution Juste des Richesses
Billon prône une justice sociale basée sur la solidarité. « L’éducation doit être gratuite pour les plus défavorisés, mais ceux qui peuvent payer doivent contribuer », a-t-il affirmé. Concernant les cartes d’identité, il propose un financement indirect via les passeports : « Le prix d’un passeport pourrait inclure le coût de plusieurs cartes d’identité, permettant ainsi à tous les Ivoiriens d’y avoir accès, même les plus démunis. »
5. Maintenir des Relations Régionales Solides
Reconnaissant l’importance stratégique du port d’Abidjan pour les pays voisins comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger, Billon a souligné l’importance des relations diplomatiques. « Le port d’Abidjan n’est pas seulement pour la Côte d’Ivoire. Une partie importante de nos revenus dépend de ces échanges régionaux. Nous devons donc maintenir de bonnes relations avec nos voisins », a-t-il déclaré. Concernant la CEDEAO, il a critiqué les sanctions disproportionnées imposées à certains pays. « Les sanctions doivent être équitables et tenir compte des mal-gouvernances qui précèdent les crises », a-t-il plaidé.

6. Lutter Contre la Corruption et la Mauvaise Gestion
« Sur 100 % des recettes fiscales, seulement 20 % entrent dans les caisses de l’État. Le reste se perd dans des circuits parallèles », a dénoncé Jean-Louis Billon. Il insiste sur la nécessité d’une transparence accrue dans la gestion des fonds publics. « Quand tout le monde paiera sa part et que la corruption sera réduite, nous pourrons faire face à notre endettement sans compromettre nos ambitions de développement », a-t-il assuré.
7. Libérer le Potentiel Économique de la Côte d’Ivoire
Selon Billon, la Côte d’Ivoire exploite à peine 10 % de son potentiel économique. « Un ambassadeur britannique m’a dit : ‘Si vous faites les choses bien à seulement 10 %, vous décollerez.’ Imaginez ce que nous pourrions accomplir à 30 % », a-t-il relaté. Son optimisme s’appuie sur une conviction : avec des réformes structurelles et une gouvernance efficace, la Côte d’Ivoire peut devenir un modèle de développement en Afrique.

8. Une Réconciliation Nationale Véritable
Billon a également insisté sur la nécessité d’une réconciliation profonde pour reconstruire le tissu social ivoirien. « Nous avons perdu la réconciliation nationale, vous le savez. Nous ne pouvons pas ramener ceux qui, malheureusement, ont disparu. J’ai moi-même perdu de nombreuses personnes au cours de ces périodes difficiles », a-t-il confié avec émotion. Pour lui, une véritable réconciliation passe par un consensus entre tous les Ivoiriens sur le type de société qu’ils souhaitent bâtir. « Nous devons réparer les torts que nous avons causés et permettre à tous de regarder vers l’avenir avec espoir », a-t-il conclu. Peut-on vraiment construire des routes ou relancer le secteur du cacao si la confiance entre les citoyens et leurs dirigeants est brisée ? La réponse est claire : non.
Une Vision de Transformation Profonde
Jean-Louis Billon ne se contente pas de critiquer. Il propose des solutions concrètes pour une Côte d’Ivoire plus juste, compétitive et souveraine. Sa vision repose sur des principes clairs : justice fiscale, souveraineté économique, infrastructures modernes, et inclusion sociale. Si ses idées venaient à être mises en œuvre, elles pourraient marquer un tournant historique pour le pays. Mais la réussite dépendra de la volonté politique et de l’adhésion des citoyens à ce projet ambitieux.
En attendant, une chose est certaine : Billon a planté les graines d’une réflexion nécessaire pour un futur meilleur.

NANAN APPINDRIN POUR AFRIQUE2050 DEPUIS PARIS