CÔTE D’IVOIRE: À quoi servent toutes ces découvertes si la population n’en profite pas ?
À quoi servent toutes ces découvertes si la population n’en profite pas ?

Côte d’Ivoire, terre bénie par la nature, continue de révéler ses trésors enfouis. À l’occasion du premier Salon international des ressources extractives, la multinationale canadienne Endeavour Mining a annoncé la découverte d’un gisement aurifère de classe mondiale à Tanda, dans l’est du pays. Cette nouvelle, bien qu’enthousiasmante sur le plan économique, soulève une question cruciale : à qui profitent réellement ces richesses ?
Depuis des décennies, des annonces similaires se succèdent. Pétrole, or, manganèse, nickel… autant de ressources qui placent la Côte d’Ivoire parmi les nations les plus prometteuses en matière d’extraction minière en Afrique. Cependant, ces promesses de prospérité semblent s’évanouir dès qu’il s’agit d’améliorer concrètement les conditions de vie des populations locales.
Tanda, comme tant d’autres régions riches en ressources, risque de voir ses paysages défigurés et ses sols exploités, mais ses habitants continueront-ils à lutter pour accéder à des services de base comme l’eau potable, les soins de santé et une éducation de qualité ? L’or de Tanda profitera-t-il davantage à la population ou enrichira-t-il principalement des investisseurs étrangers et une élite nationale bien connectée ?



La réalité, c’est que ces découvertes spectaculaires ont souvent pour corollaire une pauvreté endémique et des inégalités exacerbées. Les emplois générés par l’industrie extractive sont généralement peu nombreux et de courte durée. Les profits, eux, partent pour les actionnaires des multinationales ou s’évaporent dans des circuits opaques. Pendant ce temps, les communautés locales, premières victimes des impacts environnementaux, restent marginalisées.
Face à cette situation, il est temps de poser les bonnes questions et d’exiger des réponses. Pourquoi les richesses naturelles ne se traduisent-elles pas par une réduction de la pauvreté et une amélioration des infrastructures publiques ? Où va l’argent tiré de ces ressources ? Quelle part est réellement réinvestie dans le développement local et national ?
Les ressources naturelles devraient être un levier pour transformer les conditions de vie des populations, et non un simple moteur d’enrichissement pour une poignée d’acteurs. Il est impératif que l’État ivoirien impose des politiques claires et transparentes pour garantir que chaque découverte profite à l’ensemble des citoyens. L’or de Tanda, comme toutes les autres ressources, appartient au peuple ivoirien. Il revient à nos dirigeants d’en faire une véritable bénédiction pour tous et non un privilège pour quelques-uns.
Sinon, à quoi bon toutes ces découvertes ?
JACQUES ROGER
