MÉDIA: 20h25 avec Tidjane Thiam : Mobilisation citoyenne et enjeux de la révision électorale”
La presse ivoirienne, visiblement soumise au boycott imposé par le régime du RHDP, semble craindre l’influence de Tidjane Thiam. Face à ce verrouillage médiatique, ce dernier est contraint de chercher d’autres canaux pour communiquer avec les Ivoiriens.
Quelle honte pour une presse qui, au lieu de jouer son rôle de quatrième pouvoir, se contente d’exécuter les ordres du pouvoir en place ! Comment une presse, qui devrait être à l’affût de l’actualité, peut-elle refuser de tendre son micro au président du plus vieux parti politique ivoirien, le PDCI-RDA, alors qu’il était sur le terrain pendant un mois entier, à mobiliser la population pour l’enrôlement électoral ? C’est tout simplement incroyable et un triste témoignage de la soumission de certains médias au régime.
Bonsoir et bienvenue à toutes et à tous sur “20h25”, un rendez-vous que je souhaitais prendre avec l’opinion ivoirienne pour communiquer directement et partager mon avis sur des questions d’actualité. Merci, merci.
Actualité, justement. Nous sommes en pleine révision de la liste électorale (RLE). Quels sont les enjeux ?
L’enjeu, c’est véritablement l’avenir du pays. Tout le monde sait qu’une élection présidentielle est prévue en octobre 2025. Je crois qu’elle sera déterminante pour la direction que prendra la Côte d’Ivoire. Chaque Ivoirien et chaque Ivoirienne doit jouer son rôle, et cela commence par voter. Mais on ne peut voter que si l’on est inscrit sur les listes électorales.
On vous a vu récemment en tournée dans plusieurs villes de Côte d’Ivoire. Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons parcouru plus de dix villes, en traversant le pays d’ouest en est. Nous sommes allés à Man, Duékoué, Gonaté, Daloa, Bouaké, Bongouanou, et plusieurs communes d’Abidjan, notamment Atékoubé, Abobo, Adjamé, Yopougon, Cocody et Bingerville. Ensuite, nous avons fait un saut au nord, à Odienné, un engagement que j’avais pris en décembre 2023.
Ce qui ressort de cette tournée, c’est une prise de conscience accrue des enjeux électoraux. Partout où nous sommes passés, nous avons observé une mobilisation croissante. Par exemple, durant la quatrième semaine de la révision, les chiffres ont égalé ceux des trois premières semaines combinées. C’est une dynamique très encourageante.
Avez-vous été surpris par la réaction des populations lors de cette tournée ?
Pas vraiment. J’ai une profonde confiance dans l’intelligence collective des Ivoiriens. Ils comprennent les enjeux et la situation actuelle du pays. Ce qui m’a particulièrement réjoui, c’est la mobilisation des jeunes. Avec la structure démographique de notre population, il est essentiel que les jeunes majeurs s’inscrivent massivement. Cependant, nous avons encore des progrès à faire pour mieux communiquer avec cette jeunesse et la mobiliser davantage.
Quels sont les premiers résultats que vous avez obtenus ?
Selon la CEI, environ 500 000 personnes s’étaient inscrites à la fin de la troisième semaine. Nous attendons les chiffres définitifs, mais des estimations évoquent entre 1,1 et 1,5 million d’inscriptions. Ce serait un progrès significatif par rapport aux révisions précédentes.
Cela dit, il reste encore beaucoup à faire. Avec une population de 30 millions d’habitants, et seulement 8 millions d’inscrits sur la liste électorale, nous sommes loin des standards régionaux. Par exemple, le Ghana, avec une population similaire, compte 17 millions d’électeurs inscrits.
La révision devrait-elle être prolongée, selon vous ?
Absolument. Beaucoup de personnes sont prêtes à s’inscrire, mais elles attendent encore leurs certificats de nationalité. Il serait injuste de leur refuser ce droit à cause de délais administratifs. Une prolongation ou une nouvelle phase d’enrôlement s’impose. Cela renforcerait non seulement la crédibilité de l’élection, mais aussi la démocratie ivoirienne.
Quel message souhaitez-vous transmettre aux jeunes Ivoiriens à l’approche de cette élection ?
Mon souhait est que les jeunes Ivoiriens découvrent ce que c’est qu’une élection apaisée et crédible. Malheureusement, depuis près de 30 ans, nos scrutins ont été marqués par des crises, des violences et des conflits. Il est temps d’offrir à notre jeunesse l’expérience d’une démocratie sereine et fonctionnelle.
Un dernier mot ?
Oui. Je crois que cette élection est une étape cruciale pour notre pays. Nous avons tous intérêt à ce qu’elle soit transparente, inclusive et apaisée. La démocratie est un pilier fondamental du développement, car elle permet aux gouvernements d’être redevables envers les citoyens.
Merci à toutes et à tous d’avoir suivi cette première édition de “20h25”. Il y en aura d’autres, en fonction de l’actualité. Merci !
ANALYSE
Le 20 novembre 2024, Tidjane Thiam, président du Parti Démocratique de Côte d’Ivoire (PDCI-RDA), a lancé une série d’interventions intitulée “20h25”, visant à dialoguer directement avec les Ivoiriens sur les questions d’actualité. Lors de cette première édition, il a abordé la révision de la liste électorale (RLE), soulignant son importance cruciale en vue de l’élection présidentielle prévue en octobre 2025.
M. Thiam a rappelé que l’inscription sur les listes électorales est un devoir civique essentiel pour chaque citoyen, condition préalable à la participation au scrutin. Il a partagé son expérience d’une tournée nationale, couvrant plus de dix villes, notamment Man, Duékoué, Gonaté, Daloa, Bouaké, Bongouanou, ainsi que plusieurs communes d’Abidjan et Odienné. Cette initiative visait à encourager l’inscription des électeurs et à sensibiliser la population aux enjeux électoraux.
Au cours de cette tournée, M. Thiam a observé une prise de conscience accrue des enjeux électoraux et une mobilisation croissante, particulièrement parmi les jeunes. Il a toutefois reconnu que des efforts supplémentaires sont nécessaires pour atteindre une participation électorale optimale.
Concernant les chiffres, il a mentionné que, selon les données disponibles, environ 1 à 1,5 million de nouvelles inscriptions ont été enregistrées, dépassant les révisions précédentes. Cependant, avec une population estimée à 30 millions d’habitants et seulement 8 millions d’inscrits sur la liste électorale, la Côte d’Ivoire reste en deçà des standards régionaux. À titre de comparaison, le Ghana, avec une population similaire, compte 17 millions d’électeurs inscrits.
Face à cette situation, M. Thiam a plaidé pour une prolongation de la période d’inscription, afin de permettre aux citoyens en attente de documents de finaliser leurs démarches. Il a également suggéré un soutien logistique et financier, potentiellement en partenariat avec la communauté internationale, pour garantir une élection inclusive et apaisée.
En conclusion, Tidjane Thiam a exprimé son souhait de voir les jeunes Ivoiriens vivre une expérience démocratique inédite, marquée par une élection crédible et pacifique, loin des tensions et conflits qui ont jalonné l’histoire électorale du pays depuis 1995. Il a réaffirmé l’importance de la démocratie dans le développement national, en permettant l’émergence de gouvernements redevables et à l’écoute des citoyens.
Cette intervention marque le début d’une série d’échanges directs entre le président du PDCI-RDA et la population, avec pour objectif de renforcer la participation citoyenne et de promouvoir une culture démocratique en Côte d’Ivoire.
JACQUES ROGER