POLITIQUE – Jean Louis Billon : Entre Critique de la Direction du PDCI-RDA et Ambitions pour la Présidentielle de 2025
L’interview accordée par Jean Louis Billon à Fraternité Matin aborde principalement son regard critique sur la direction actuelle du PDCI-RDA, l’héritage de Henri Konan Bédié, et ses ambitions pour la présidentielle de 2025.
Billon souligne que, malgré les efforts de certains cadres, militants et de lui-même, le PDCI-RDA est trop inactif à l’approche de la présidentielle de 2025, pointant du doigt l’absence de bureau politique depuis la nomination du nouveau président, Tidiane Thiam, il y a dix mois. Il critique également le manque de préparation de la convention qui aurait dû se tenir en octobre 2023.
Il met en exergue l’inertie du parti sous la nouvelle direction en comparant la gestion actuelle à celle de Maurice Kakou Guikahué, qui était plus active et méthodique. Selon lui, les cadres expérimentés ne sont pas suffisamment mis en avant.
Quant à sa candidature, Billon rappelle qu’il l’avait déjà annoncée depuis 2021, soutenu par Bédié avant son décès. Il critique la motion adoptée lors du dernier congrès extraordinaire qui désignait Thiam comme candidat du PDCI, la qualifiant de non conforme aux textes du parti. Il estime que sa candidature n’est pas un facteur de division au sein du parti, mais appelle à une réelle compétition démocratique.
Sur la scène nationale, Billon prône une modernisation du PDCI-RDA et évoque la nécessité de dissocier la présidence du parti de la candidature à la présidence de la République. Il exprime également son respect pour Laurent Gbagbo et estime que des alliances politiques avec d’autres partis d’opposition comme le PPA-CI pourraient être nécessaires pour remporter les élections. En revanche, il rejette toute idée de rapprochement avec le RHDP, malgré ses liens personnels respectueux avec le Président Ouattara.
Enfin, Jean Louis Billon insiste sur la nécessité de réformer les institutions ivoiriennes, dont la CEI, pour assurer leur neutralité et leur indépendance, dévoilant ainsi une partie de son projet de société.
ANALYSES
1. Critique de l’inertie du PDCI-RDA
Billon ne cache pas son mécontentement vis-à-vis de la gestion actuelle du PDCI-RDA sous la présidence de Tidiane Thiam. Il déplore l’absence de bureau politique depuis la nomination de Thiam, un manque de dynamisme à un moment crucial où les préparatifs pour la présidentielle de 2025 devraient déjà être en cours. Cette critique soulève des questions importantes sur la gouvernance du parti : l’organisation semble paralysée et désorganisée, incapable de se projeter vers l’avenir ou de formuler une stratégie électorale claire. En tant qu’ancien cadre influent, Billon insiste sur le besoin de redynamiser les instances décisionnelles du parti, qui doivent prendre position sur des questions d’actualité et activer les préparatifs pour les échéances électorales.
2. Comparaison avec l’ère Guikahué
Billon fait une comparaison intéressante entre la période où Maurice Kakou Guikahué occupait le poste de Secrétaire Exécutif et la situation actuelle. Selon lui, sous Guikahué, le PDCI était plus structuré, plus réactif et mieux organisé. Ce contraste met en lumière un problème de leadership dans la direction actuelle, qui peine à établir une ligne claire et à mobiliser les troupes. En rappelant l’efficacité de l’équipe précédente, Billon critique implicitement l’inexpérience de Thiam et de son équipe, accentuant ainsi les divisions internes au sein du parti.
3. Ambitions présidentielles et rejet d’une candidature imposée
Jean Louis Billon réaffirme sa candidature à la présidentielle de 2025, une décision qu’il avait déjà prise depuis 2018. Il se place ainsi comme un prétendant légitime, soutenu à l’origine par Henri Konan Bédié. Sa critique du processus ayant mené à la désignation de Thiam comme candidat unique lors du dernier congrès extraordinaire démontre son refus de se conformer à une résolution qu’il juge antidémocratique. Pour Billon, une candidature ne doit pas être imposée mais se déclarer ouvertement et être soumise à un processus transparent, soulignant ainsi son attachement aux principes démocratiques au sein du parti.
4. Positionnement stratégique et alliances possibles
Sur le plan politique national, Billon ouvre la porte à des alliances avec d’autres partis d’opposition, notamment le PPA-CI de Laurent Gbagbo, soulignant l’importance d’un front uni au second tour de la présidentielle pour battre le RHDP. Il montre ici sa capacité à envisager des compromis pragmatiques tout en maintenant un positionnement ferme contre un éventuel retour du PDCI au sein du RHDP. Son analyse met en lumière la complexité des alliances politiques en Côte d’Ivoire, où des convergences idéologiques ne suffisent pas toujours à sceller des accords durables.
5. Réformes institutionnelles
L’une des propositions les plus intéressantes de l’interview concerne la réforme des institutions ivoiriennes, notamment la CEI. Billon plaide pour des nominations basées sur la neutralité et la probité, et propose que les dirigeants des institutions soient auditionnés par des commissions parlementaires. Cette position résonne avec le besoin d’une plus grande transparence et indépendance des institutions en Côte d’Ivoire, un sujet souvent source de polémique. En introduisant cette idée, Billon dévoile une partie de son projet de société qui place la crédibilité des institutions au cœur du développement démocratique du pays.
6. Un appel à la modernisation du PDCI-RDA
Jean Louis Billon prône une modernisation du PDCI-RDA, en revenant à l’idée initiale d’Henri Konan Bédié de dissocier la présidence du parti de la candidature à la présidence de la République. Cette réforme, selon lui, est nécessaire pour garantir une gestion plus efficace et plus démocratique du parti. Il semble vouloir mettre fin à un modèle de gouvernance où les pouvoirs sont trop concentrés entre les mains d’une seule personne, ce qui pourrait aider à redonner de l’élan à un parti vieillissant.
7. Critique sous-jacente de la direction actuelle
En filigrane de son discours, Billon exprime une critique forte mais mesurée de la présidence de Tidiane Thiam. Bien qu’il ne le nomme pas directement comme source de l’inertie, il est clair que Billon remet en question la capacité de Thiam à diriger le PDCI-RDA dans une période critique. La tension entre ceux qui souhaitent moderniser le parti et ceux qui veulent perpétuer l’héritage de Bédié est palpable, et Billon se place résolument dans le camp des réformateurs.
Conclusion
L’interview de Jean Louis Billon révèle des défis internes majeurs au PDCI-RDA, notamment des divisions autour de la direction actuelle et du processus de désignation des candidats pour 2025. Billon se présente comme un acteur clé du renouveau du parti, appelant à la modernisation et à une gouvernance plus démocratique. En même temps, il prépare soigneusement le terrain pour sa candidature présidentielle, tout en restant ouvert à des alliances stratégiques avec d’autres forces politiques. Sa critique de l’inertie du PDCI sous Thiam, ainsi que sa vision pour des institutions plus crédibles, témoignent d’un positionnement à la fois réformateur et pragmatique.
CRITIQUES
Voici notre critique pour davantage de clarté et de cohérence :
Critique de l’interview de Jean Louis Billon à Fraternité Matin
L’interview de Jean Louis Billon à Fraternité Matin révèle des tensions sous-jacentes au sein du PDCI-RDA et met en lumière les défis auxquels le parti est confronté sous la direction actuelle, ainsi que les ambitions personnelles de Billon à l’approche de l’élection présidentielle de 2025.
1. Critique de l’inertie du PDCI-RDA
Billon exprime son mécontentement face à la gestion actuelle du PDCI-RDA sous la présidence de Tidiane Thiam, notamment l’absence de bureau politique depuis sa nomination. Il déplore le manque de dynamisme alors que les préparatifs pour la présidentielle de 2025 devraient être en cours. Cependant, cette critique semble ignorer que la convocation d’un bureau politique en période électorale doit être soigneusement planifiée. Il est crucial de mûrir ces décisions afin d’éviter tout malentendu ou divisions internes qui pourraient profiter aux adversaires politiques.
2. Comparaison avec l’ère Guikahué
Billon compare la gestion actuelle du parti avec la période où Maurice Kakou Guikahué était Secrétaire Exécutif, affirmant que le parti était alors plus structuré et réactif. Cependant, il convient de nuancer cette vision : bien que le PDCI ait été réactif sous Guikahué, il l’était souvent en fonction des événements, sans nécessairement anticiper. La direction actuelle a montré sa capacité à réagir efficacement face à des situations comme l’empêchement du congrès extraordinaire, ce qui démontre une certaine adaptabilité aux défis contemporains.
3. Ambitions présidentielles et rejet d’une candidature imposée
Billon critique la désignation de Tidiane Thiam comme candidat unique lors du congrès extraordinaire, dénonçant un processus qu’il juge antidémocratique. Pourtant, cette critique semble anachronique : la résolution en faveur de Thiam a été adoptée lors d’un congrès souverain, où toutes les décisions sont exécutoires. La candidature unique de Thiam peut être perçue comme un choix stratégique pour maintenir l’unité du parti face aux pressions du RHDP. Billon semble ignorer que l’opposition aurait dû se manifester lors du congrès, et non après.
4. Positionnement stratégique et alliances possibles
Billon envisage des alliances avec d’autres partis d’opposition, notamment le PPA-CI de Laurent Gbagbo, soulignant la nécessité d’un front uni pour battre le RHDP au second tour de la présidentielle. Bien qu’il ait raison sur l’importance des alliances, ces dernières ne porteront pleinement leurs fruits qu’au second tour. Chaque parti souhaite d’abord se positionner comme vainqueur potentiel, rendant les alliances avant le premier tour difficiles à concrétiser.
5. Réformes institutionnelles
L’idée de Billon concernant la réforme des institutions ivoiriennes, notamment la CEI, repose sur des nominations basées sur la neutralité et la probité. Cependant, dans le contexte ivoirien actuel, il est légitime de se demander si une réelle neutralité est possible. La question de la probité des acteurs politiques reste délicate, étant donné les pressions matérielles et autres qui pèsent sur les institutions. Billon semble idéaliser un modèle de gouvernance qui se heurte à des réalités complexes.
6. Un appel à la modernisation du PDCI-RDA
Billon appelle à une modernisation du PDCI-RDA, notamment en dissociant la présidence du parti de la candidature à la présidence de la République, comme le souhaitait Henri Konan Bédié. Cependant, une telle réforme est difficile à mettre en œuvre à la veille d’une élection majeure. De plus, le PDCI de Thiam n’est plus celui d’Houphouët ou de Bédié, et la modernisation nécessitera bien plus qu’une simple réforme de structure. Les dynamiques internes et les attentes des militants d’aujourd’hui sont différentes.
7. Critique sous-jacente de la direction actuelle
Billon émet une critique voilée de la présidence de Tidiane Thiam, remettant en question sa capacité à diriger le PDCI-RDA dans cette période critique. Toutefois, il semble que cette critique cache un problème plus personnel, où l’ambition politique de Billon entre en conflit avec la direction actuelle. Le débat semble se déplacer vers une lutte de pouvoir interne plutôt que vers une véritable vision de réformes.
Conclusion
En conclusion, dans une démocratie, M. Billon a pleinement le droit de s’exprimer et de défendre ses opinions. Toutefois, il est essentiel qu’il veille à ne pas créer de conditions susceptibles de fragiliser le parti à l’approche des élections de 2025. Comme l’a souligné le Président Houphouët, tous les changements sont possibles, à condition d’y mettre de la méthode. En politique, il est parfois nécessaire de savoir différer certains problèmes pour mieux les résoudre à long terme, en prenant le temps d’aplanir les divergences et de favoriser le consensus.
M. Billon pense-t-il réellement pouvoir remporter une élection avec l’actuel fichier électoral ? L’heure est à l’enrôlement et à la mobilisation. Il y a un temps pour tout. Que M. Billon attende l’ouverture des candidatures pour la convention. Critiquer son président alors qu’il est en déplacement pour mobiliser n’est ni démocratique, ni bénéfique pour le parti en ce moment.
JACQUES ROGER