Mon Billet: Fraude et illusion de majorité : le RDR n’est pas dominant en Côte d’Ivoire
Depuis plusieurs années, le Rassemblement des Républicains (RDR) est présenté comme une force politique dominante en Côte d’Ivoire. Cependant, cette perception de majorité repose sur des fondements biaisés qui faussent la véritable expression du peuple ivoirien.
Tout d’abord, il est important de noter que la participation électorale est extrêmement faible. Seulement 30 % des personnes inscrites sur la liste électorale participent aux élections, ce qui signifie que 70 % des électeurs ne s’expriment pas. Ce désintérêt électoral, qui remonte aux présidentielles de 2010 et à la crise qui s’en est suivie, remet sérieusement en question la légitimité des résultats électoraux du RDR.
En 2015 et en 2020, les élections présidentielles n’ont rassemblé qu’environ 3 millions de votants, alors que le collège électoral compte 8 millions d’inscrits et que la population ivoirienne dépasse les 25 millions de personnes. Or, sur cette liste électorale, l’opposition a dénoncé la présence de 2 millions de non-nationaux et 2,5 millions de cas d’irrégularités. Cette troublante coïncidence — entre un nombre d’électeurs stable autour de 3 millions et ces irrégularités massives — soulève de légitimes interrogations sur la légitimité du pouvoir en place.
Aujourd’hui, il ne s’agit plus de savoir s’il y a une présence massive de non-Ivoiriens ou de fraudeurs sur la liste électorale avec la complicité de certaines autorités, mais plutôt de comprendre l’ampleur du problème. Prenons le cas de l’élection législative à Kouassi, où le secrétaire exécutif du RDR est devenu maire. La fraude a été organisée en son nom, et plus de 10 000 faux électeurs ont été ajoutés sur la liste électorale, selon des personnes affirmant agir pour son compte. La Côte d’Ivoire compte plus de 300 communes. Imaginez 10 000 faux électeurs ou plus, en fonction de la taille et de la population de ces communes, ajoutés au processus électoral.
La complicité passive des autorités est un autre facteur inquiétant. Prenons le cas du maire de Tiassalé, le député Assalé Tiémoko Antoine, qui a interpellé, preuves à l’appui, les autorités, y compris la justice ivoirienne, sans obtenir de réponse. C’est bien là que réside la complicité. Écoutons son témoignage.
Pire encore, les autorités ferment les yeux sur les fraudeurs toujours inscrits sur la liste électorale, qui pourront encore perpétuer leur forfait en 2025. Combien de non-Ivoiriens figurent sur notre liste électorale ? C’est un crime de haute trahison contre la démocratie et toute la Côte d’Ivoire. Livrer notre pays à des non-Ivoiriens ne passera pas en 2025.
Il devient alors pertinent de s’interroger sur la prétendue majorité du RDR. Si l’on tient compte des irrégularités dénoncées, il est probable que le soutien réel du RDR ne représente qu’entre 1 et 2 millions d’Ivoiriens, sur une population totale de 24 millions. Peut-on véritablement parler de majorité avec un tel nombre ? Certainement pas.
Le RDR semble majoritaire uniquement en raison de l’abstention massive des électeurs ivoiriens, avec 70 % d’entre eux qui ne participent pas aux élections. Lorsque les suffrages exprimés tournent autour de 3 millions, alors que la liste comporte potentiellement 2,5 millions d’électeurs irréguliers et 2 millions de non-nationaux, il devient difficile d’accorder du crédit à cette soi-disant majorité.
Il est urgent de réagir.
Le processus électoral en Côte d’Ivoire ne peut pas être crédible tant que la liste électorale n’est pas auditée en profondeur et purgée des irrégularités qui la minent. Le maintien de l’illusion d’une majorité du RDR relève d’un artifice, et il est temps de restaurer la démocratie ivoirienne en permettant au peuple de s’exprimer librement et en toute transparence.
En 2025, si des pratiques frauduleuses comme celles récemment découvertes sont tolérées, le risque est grand de voir à nouveau des milliers de votes illégitimes fausser le scrutin. Ce scénario ne peut plus être accepté.
L’audit de la liste électorale doit devenir une priorité, car non, le RDR n’est pas majoritaire. C’est une illusion d’optique.
2025 ne sera pas 2010, 2015, ou 2020. Si M. Ouattara, après l’erreur de 2020, veut récidiver en 2025 avec une autre élection contestée, il devra s’assurer que ce sera la volonté des Ivoiriens qui s’exprime à travers une organisation libre et transparente. La volonté des Ivoiriens doit se manifester à travers une liste électorale ivoirienne débarrassée de non-Ivoiriens et de fraudeurs de tout acabit.
JACQUES ROGER
Thiamement et Surement 2025