Côte d’Ivoire : Pourquoi Réformer la CEI ?
Côte d’Ivoire : Pourquoi Réformer la CEI ?

La Côte d’Ivoire se trouve une fois de plus à un tournant crucial de son histoire politique à l’approche de la présidentielle de 2025. L’une des questions qui suscite le plus de débats est celle de la Commission Électorale Indépendante (CEI). Peut-on vraiment parler d’une commission « indépendante » lorsqu’elle est contrôlée à 90% par le pouvoir en place et ses alliés ? Comment une telle structure peut-elle encore prétendre à la crédibilité et à l’impartialité requises pour garantir des élections transparentes et démocratiques ?
Certains responsables du parti au pouvoir affirment, avec une certaine désinvolture, que « la CEI n’élit pas le président ». Une déclaration empreinte d’hypocrisie, surtout lorsque l’on se souvient que ce même parti a combattu le régime de Laurent Gbagbo pour instaurer une CEI équilibrée, dans laquelle les partis d’opposition, en raison de leur nombre, étaient majoritaires. Pourquoi, alors, cherchent-ils aujourd’hui à conserver le statu quo, si la CEI n’a soi-disant pas d’influence sur l’élection du président ? La réalité est qu’une CEI déséquilibrée fausse d’emblée le jeu démocratique en favorisant certaines candidatures et en biaisant le processus électoral dès sa phase préparatoire.

Il devient donc impératif de procéder à une réforme en profondeur de la CEI pour rétablir la confiance entre les différents acteurs politiques et les électeurs. À défaut d’une telle réforme, un audit indépendant du fichier électoral pourrait constituer une première étape pour apaiser les tensions et garantir une transparence minimale dans le processus électoral. Toutefois, cela ne saurait remplacer une refonte complète de l’institution elle-même. Car, sans une CEI véritablement indépendante, la Côte d’Ivoire risque de voir se perpétuer les contestations post-électorales qui ont déjà plongé le pays dans la violence par le passé.
L’enjeu n’est pas seulement d’élire un président, mais de garantir que cette élection se fasse dans la transparence et le respect des règles démocratiques. Il est temps que la Côte d’Ivoire réconcilie ses principes avec ses pratiques pour construire une démocratie durable, où les institutions sont au service du peuple, et non d’une poignée de privilégiés.
JACQUES ROGER
