INVITÉ DE J. ROGER, Pr. DANIEL MENGARA DEPUIS LE GABON APPEL AU NON CONTRE LE PROJET DE CONSTITUTION

Dans l’émission spéciale que nous a accordée Daniel Mengara depuis Libreville, le leader politique et fervent opposant de longue date au régime Bongo a lancé un appel vibrant à la population gabonaise : voter “NON” contre le nouveau projet de Constitution. Selon Mengara, ce projet représente une dangereuse concentration des pouvoirs entre les mains du président, surpassant même ce que le pays a connu sous la dynastie Bongo, qu’il a combattu pendant des décennies.

Mengara met en garde contre la création d’une nouvelle forme d’autoritarisme déguisée en réforme constitutionnelle, qui pourrait donner naissance à une nouvelle dynastie. Il exprime également sa méfiance face à l’euphorie qui a suivi la chute du régime Bongo. Pour lui, cet enthousiasme risque de détourner les Gabonais des véritables valeurs d’un État de droit. Il appelle donc à la vigilance et à la lucidité pour ne pas reproduire les erreurs du passé.

Selon Mengara, rien n’a fondamentalement changé après la chute du régime Bongo. Il a qualifié cette nouvelle constitution de “gabonité”, la comparant à l’« ivoirité » en Côte d’Ivoire avant la chute de Bédié. Il a dénoncé le fait que les Gabonais ayant longtemps vécu à l’étranger, souvent en opposition aux Bongo, et mariés à des non-Gabonais, sont privés du droit de se présenter aux élections présidentielles.

Mengara a aussi souligné le retour du népotisme, mentionnant que le président de la Cour constitutionnelle, devant laquelle ils ont plaidé, est le cousin de l’actuel chef de l’État, rappelant ainsi le rôle de Marie-Madeleine Mborantsuo, ancienne maîtresse et mère de plusieurs enfants d’Omar Bongo, qui dirigeait la Cour pour protéger les intérêts de la famille Bongo.

Dans un ton plus léger, Mengara a rappelé que les Gabonais surnommaient la Cour constitutionnelle “la tour de Pise”, car elle penchait toujours du côté des Bongo. Il a également exprimé ses doutes sur les intentions du général Oligui, qu’il accuse de vouloir maintenir le pouvoir.

JACQUES ROGER