Billet : L’acharnement de la France contre le Président Déby : Une nouvelle croisade post-électorale ?
Une nouvelle croisade post-électorale ?
Après les fastes des costumes à 900 000 euros, voilà que le patrimoine immobilier de la famille Déby en France fait l’objet d’une enquête scrutatrice. Que doit-on en penser ? Faut-il voir là un énième épisode d’une stratégie bien rodée de déstabilisation, ou un simple concours de circonstances ?
Soyons clairs : le spectacle des biens mal acquis des princes et autres familles royales africaines ne date pas d’hier. Des fortunes massives amassées dans l’ombre et investies en Occident, des clubs de football aux villas luxueuses, l’exemple du Paris Saint-Germain n’est que l’arbre qui cache la forêt. Alors, pourquoi cet intérêt soudain pour la famille Déby ? Est-ce un véritable sursaut de moralité de la part de l’État français, ou plutôt une réaction ciblée ?
L’enquête menée par le Parquet national financier semble indiquer une priorité soudaine à scruter les dépenses vestimentaires de la présidence tchadienne. Mais depuis quand l’État français s’en soucie-t-il vraiment ? Du père, Idriss Déby, ancien grand allié de la France, au fils, Mahamat, aujourd’hui détenteur de ces biens immobiliers, on se demande pourquoi cet acharnement après son élection, et surtout après sa visite inattendue en Russie.
En janvier, Mahamat Déby a rencontré Vladimir Poutine lors d’un bref séjour en Russie. Cette rencontre a-t-elle déclenché les foudres de l’Occident ? Est-ce là la raison véritable derrière cette soudaine attention judiciaire ? Les autorités françaises, en proie à une perte d’influence en Afrique, chercheraient-elles à rappeler qui détient encore le pouvoir ?
Que l’on ne se méprenne pas : il ne s’agit pas ici de défendre aveuglément des détournements présumés, si tant est qu’ils soient avérés. Mais une chose est certaine : cette enquête laisse un goût amer de politique punitive. La France se lance-t-elle dans une nouvelle croisade pour punir ceux qui osent dévier de la ligne occidentale ?
Il est aussi curieux de constater que dans cette affaire, ni le parquet français ni les journaux ne mentionnent les couturiers français chez qui le président Déby a acheté ces fameux costumes. S’il y a des biens mal acquis, c’est qu’il y a des receleurs. Alors, qui sont ces receleurs ? Ces grands couturiers ? Ou bien, dans une logique stratégique de colonisation, préfère-t-on protéger les siens de l’« inconscient petit nègre » ?
Il est temps que l’Afrique aussi ouvre ses propres grands procès pour examiner le pillage du continent, les biens mal acquis par l’État français et ses hommes d’affaires sur le sol africain. Après tout, la réciprocité est la base de toute justice véritable.
JACQUES ROGER
JACQUES ROGER