𝐋𝐚 𝐟𝐫𝐚𝐮𝐝𝐞 𝐦𝐚𝐬𝐬𝐢𝐯𝐞 𝐬𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐧𝐚𝐭𝐢𝐨𝐧𝐚𝐥𝐢𝐭𝐞́ 𝐢𝐯𝐨𝐢𝐫𝐢𝐞𝐧𝐧𝐞 : 𝐮𝐧 𝐩𝐞́𝐫𝐢𝐥 𝐩𝐨𝐮𝐫 𝐥𝐚 𝐬𝐨𝐮𝐯𝐞𝐫𝐚𝐢𝐧𝐞𝐭𝐞́ 𝐝𝐞 𝐧𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐲𝐬
La Côte d’Ivoire, nation de paix et de diversité, fait face à un problème majeur qui pourrait, s’il n’est pas résolu, ébranler les fondements mêmes de notre État : la fraude massive sur la nationalité ivoirienne. Ce phénomène, longtemps sous-estimé ou délibérément ignoré, prend une ampleur inquiétante et ses conséquences à moyen et long terme pourraient s’avérer désastreuses pour notre société, notre économie, et notre sécurité nationale.
Un réseau bien établi : des chiffres qui font froid dans le dos
Récemment, plusieurs affaires ont révélé l’existence de réseaux bien organisés dédiés à la fraude sur les documents administratifs ivoiriens, en particulier les Cartes Nationales d’Identité (CNI) et les passeports. Le Qatar a sonné l’alarme en juin 2023 en découvrant que des ressortissants syriens tentaient d’entrer dans leur pays avec des passeports ivoiriens frauduleux. Ce trafic concernerait 120 000 passeports, un chiffre effrayant qui équivaut à la population d’une ville moyenne en Côte d’Ivoire.
Mais ce n’est que la pointe de l’iceberg. En 2015, dame CISSE Maïmouna a été arrêtée à Gagnoa en possession de 500 000 fausses CNI. Ces chiffres sont ahurissants, surtout quand on sait que Korhogo, troisième ville la plus peuplée de notre pays, ne compte pas autant d’habitants.
En septembre 2023, 17 000 imprimés sécurisés de certificats de nationalité et de casiers judiciaires ont été volés des services du ministère de la Justice. Ces documents, entre de mauvaises mains, peuvent transformer un étranger en citoyen ivoirien en l’espace de 48 heures, avec tous les droits que cela implique.
Les chiffres officiels : manipulations ou vérité ?
Face à cette situation alarmante, une question se pose : les chiffres que nous donne notre gouvernement sont-ils justes ? Ne sont-ils pas manipulés pour ne pas traumatiser les Ivoiriens, notamment ceux qui sympathisent avec la cause des non-Ivoiriens, une cause soutenue depuis l’opposition et amplifiée depuis l’accession au pouvoir en 2011 ?
Depuis 2011, des actions de distribution de la nationalité ivoirienne ont été initiées, y compris la régularisation des sans-papiers et l’opération visant les apatrides, notamment à Abobo où près de 900 000 enfants d’immigrés ont été concernés par les initiatives de la Première Dame. Pourtant, en 1998, une étude du Conseil Économique et Social estimait à 26% le taux d’étrangers en Côte d’Ivoire. Aujourd’hui, on nous parle de 22% alors que la population étrangère semble avoir augmenté de manière exponentielle. Que s’est-il passé pour que ce taux diminue malgré cette augmentation visible ? Sommes-nous face à une manipulation des chiffres, à une distribution massive de documents frauduleux ?
Les conséquences à moyen terme : une économie en péril
La fraude massive sur la nationalité ivoirienne entraîne des conséquences économiques immédiates et à moyen terme. Le marché de l’emploi, déjà saturé, pourrait être encore plus sous pression avec l’arrivée de faux citoyens qui bénéficieront des mêmes droits que les Ivoiriens de souche, sans pour autant contribuer à l’économie de manière équitable. Les services sociaux, déjà mis à mal, risquent d’être encore plus sollicités, provoquant une augmentation des coûts pour l’État.
De plus, cette situation risque de compromettre les relations internationales de la Côte d’Ivoire. Des pays comme le Qatar, où la fraude a été découverte, pourraient durcir leurs conditions d’accès pour les citoyens ivoiriens, pénalisant ainsi ceux qui voyagent légitimement pour des raisons professionnelles ou personnelles.
Les conséquences à long terme : un risque pour la stabilité nationale
À long terme, les implications de cette fraude sont encore plus graves. La dilution de l’identité nationale est un risque majeur. Comment garantir l’unité nationale quand une proportion croissante de la population est composée de citoyens qui n’ont ni l’histoire ni les racines de notre pays ? Cette situation pourrait engendrer des tensions identitaires, voire des conflits communautaires, exacerbant les divisions existantes.
La sécurité nationale est également en jeu. Dans un contexte où le terrorisme et les réseaux criminels internationaux prospèrent, la possession de documents d’identité ivoiriens par des individus aux intentions douteuses est une menace directe pour notre pays. Les infrastructures critiques, les institutions publiques, et même les citoyens pourraient devenir des cibles faciles pour ceux qui exploitent ces failles.
Un appel à l’action : sécuriser notre état civil
Face à cette situation alarmante, il est impératif que les autorités ivoiriennes prennent des mesures drastiques pour sécuriser l’état civil de notre pays. Le premier pas serait de mener un audit rigoureux de la liste électorale et de tous les documents administratifs en circulation. Il est crucial d’identifier les failles dans le système et de les corriger avant qu’il ne soit trop tard.
Le débat sur l’immigration, souvent tabou en Côte d’Ivoire, doit être abordé de manière franche et ouverte. Il ne s’agit pas de stigmatiser les étrangers, mais de garantir que ceux qui deviennent citoyens ivoiriens le fassent de manière légale et transparente. Le peuple ivoirien doit exiger de ses dirigeants une gestion rigoureuse de la nationalité et de l’état civil pour protéger l’intégrité et la souveraineté de notre pays.
En conclusion, la fraude sur la nationalité ivoirienne n’est pas seulement une question administrative ; c’est une question de sécurité nationale, d’identité et de survie en tant que nation. L’heure est venue pour chaque Ivoirien de prendre conscience de cette menace et d’agir en conséquence pour préserver ce qui fait la force et l’unité de notre pays.
JACQUES ROGER