Guinée Conakry : Mamadi Doumbouya, entre Autocratie et Influence Française
Guinée Conakry : Mamadi Doumbouya, entre Autocratie et Influence Française
Depuis le coup d’État de septembre 2021 qui a renversé l’ancien président Alpha Condé, la Guinée Conakry vit sous le règne du colonel Mamadi Doumbouya, un homme qui, malgré ses origines modestes, a réussi à s’emparer du pouvoir et à instaurer un régime de plus en plus autoritaire. Alors que beaucoup voyaient en lui un espoir pour le renouveau démocratique de la Guinée, son mandat semble aujourd’hui plus marqué par la répression et la soumission aux intérêts étrangers, notamment ceux de la France.
Une Montée au Pouvoir aux Relents de Françafrique
Mamadi Doumbouya, ancien légionnaire de l’armée française, a su capitaliser sur son passé militaire et ses relations avec Paris pour renforcer son autorité en Guinée. Dès sa prise de pouvoir, la coopération militaire avec la France a été relancée avec vigueur, un geste qui n’a pas échappé aux observateurs critiques du retour de certaines pratiques de la Françafrique. La France, chassée de plusieurs pays d’Afrique de l’Ouest comme le Mali, le Niger, et le Burkina Faso, voit en Doumbouya un allié stratégique dans une région où son influence est de plus en plus contestée.
Une Gouvernance qui Suscite l’Inquiétude
Sur le terrain, la situation sociale et économique reste critique pour la majorité des Guinéens. Avec 43 % de la population vivant avec moins de deux euros par jour, les promesses de redressement économique et de réforme démocratique se font attendre. Pire encore, la répression politique s’accentue, avec des manifestations violemment réprimées et des figures de l’opposition arrêtées ou portées disparues. Amnesty International a documenté la mort de 47 manifestants depuis l’arrivée de Doumbouya au pouvoir, un signe inquiétant de la dérive autoritaire du régime.
Une Alliance Militaire Stratégique
En parallèle, la France semble avoir trouvé en Doumbouya un partenaire docile pour ses projets militaires en Afrique de l’Ouest. La construction d’une nouvelle base militaire près de la frontière avec le Mali, financée par des fonds européens initialement destinés à ce dernier, démontre l’ampleur de l’engagement militaire français en Guinée. Ce renforcement de la présence française intervient alors même que d’autres pays de la région tournent le dos à Paris, exprimant leur rejet de l’influence néocoloniale.
Une Transition Éternellement Retardée
Les élections démocratiques, promises depuis le coup d’État, ne semblent pas figurer parmi les priorités de Doumbouya. Au contraire, tout porte à croire que le colonel devenu général envisage de prolonger indéfiniment sa présidence, suivant le modèle de nombreux autres dirigeants militaires africains. La gestion des ressources naturelles, notamment la bauxite, est entre les mains d’une élite militaire corrompue, tandis que le reste de la population continue de s’enfoncer dans la pauvreté.
Conclusion
Mamadi Doumbouya, autrefois perçu comme un libérateur par une partie de la population guinéenne, s’inscrit de plus en plus dans la lignée des dictateurs africains qui, sous couvert de protéger leur pays, servent avant tout des intérêts étrangers. Sa dépendance croissante vis-à-vis de la France et son recours systématique à la répression laissent peu de place à l’espoir pour un véritable changement en Guinée. Dans ce contexte, la communauté internationale, mais surtout les Guinéens eux-mêmes, sont en droit de se demander jusqu’à quand cette transition autocratique perdurera, et à quel prix pour le peuple.
RESUME D’UN ARTICLE DE MARIANNE
JACQUES ROGER