Côte d’Ivoire : Une puissance économique aux enjeux de développement humain
Côte d’Ivoire : Une Puissance Économique aux Enjeux de Développement Humain
La Côte d’Ivoire, avec une croissance économique impressionnante de 6 % par an, s’est hissée au 9e rang des puissances économiques africaines. Cette performance économique remarquable est le fruit de politiques de développement infrastructurel, d’investissements étrangers et de réformes économiques. Cependant, cette réussite masque une réalité plus sombre : la qualité de vie des Ivoiriens ne semble pas être une priorité pour les dirigeants du pays. En effet, la Côte d’Ivoire ne figure même pas parmi les 20 premiers pays africains selon l’indice de développement humain (IDH).
Contraste entre Croissance Économique et Développement Humain
L’IDH, un indicateur composite qui mesure la qualité de vie à travers trois dimensions essentielles – la santé, l’éducation et le niveau de vie -, révèle que la croissance économique ivoirienne ne se traduit pas par une amélioration significative des conditions de vie de la population. Bien que le PIB du pays augmente, une grande partie de la population continue de vivre dans des conditions précaires.
Éducation et Santé : Des Secteurs Négligés
L’un des principaux éléments de l’IDH est l’éducation. En Côte d’Ivoire, l’accès à une éducation de qualité demeure limité, avec de nombreux enfants ne terminant pas leur cycle scolaire. Les infrastructures éducatives sont souvent insuffisantes, et les enseignants manquent de formation et de ressources. Cette situation compromet l’avenir des jeunes Ivoiriens et freine le développement humain.
De même, le secteur de la santé est en difficulté. Les infrastructures sanitaires sont souvent vétustes et mal équipées, et l’accès aux soins de santé de base reste un défi pour une grande partie de la population. Les taux de mortalité infantile et maternelle restent élevés, et les maladies transmissibles continuent de poser des problèmes majeurs.
Cherté de la Vie et Augmentation des Prix
À cette situation déjà préoccupante, s’ajoute la cherté de la vie. Les aliments de première nécessité sont devenus chers, rendant la vie quotidienne des Ivoiriens de plus en plus difficile. À Abidjan, le coût de la vie est devenu un véritable casse-tête chinois. Récemment, l’augmentation du prix de l’électricité de 30 % pour faire face aux déficits budgétaires et supporter la consommation ostentatoire de la minorité dirigeante a suscité l’indignation. Abidjan est désormais l’une des villes les plus chères d’Afrique, ce qui accentue le mécontentement social.
Retour sur le Passé : Un Classement Dégradé
Il est intéressant de noter que dans les années 90, sous les présidences de Félix Houphouët-Boigny et Henri Konan Bédié, la Côte d’Ivoire figurait parmi les vingt premiers pays africains selon l’IDH. À cette époque, la qualité de vie des Ivoiriens était nettement meilleure, grâce à des politiques sociales et économiques plus équilibrées. Alors, que s’est-il passé après le coup d’État de 1999?
Conséquences du Coup d’État de 1999
Le coup d’État de décembre 1999 a marqué un tournant dramatique pour la Côte d’Ivoire. La période d’instabilité politique qui s’en est suivie a gravement affecté le développement économique et social du pays. Les années de conflit civil et les tensions politiques ont détourné les ressources et l’attention des besoins de développement humain. Les infrastructures ont souffert, l’éducation et la santé ont été négligées, et les inégalités économiques se sont accrues.
Inégalités Économiques et Sociales
La croissance économique ivoirienne a surtout profité à une minorité, creusant les inégalités économiques et sociales. Les zones rurales, où vit une grande partie de la population, n’ont pas bénéficié de la même manière des retombées économiques que les zones urbaines. Le chômage et le sous-emploi restent préoccupants, surtout parmi les jeunes, exacerbant la pauvreté et l’instabilité sociale.
Besoin d’une Politique Axée sur le Développement Humain
Pour que la croissance économique de la Côte d’Ivoire profite véritablement à l’ensemble de la population, il est impératif que les dirigeants ivoiriens réorientent leurs priorités vers le développement humain. Cela implique des investissements massifs dans les secteurs de la santé et de l’éducation, ainsi que des politiques sociales visant à réduire les inégalités et à améliorer le bien-être général.
Conclusion
La Côte d’Ivoire se trouve à un carrefour critique. Bien que le pays ait réussi à se hisser parmi les plus grandes économies d’Afrique, cette performance économique doit désormais être accompagnée d’une véritable amélioration des conditions de vie de ses citoyens. Seule une politique inclusive et centrée sur le développement humain pourra assurer une croissance durable et équitable, bénéfique pour tous les Ivoiriens.
JACQUES ROGER