Le paysage politique du Tchad a récemment connu des bouleversements significatifs avec la nomination du nouveau Premier ministre, Success Masra, succédant ainsi à une période de transition tumultueuse suite au décès d’Idriss Déby en avril 2021. Cette transition politique a été marquée par des attentes fortes quant à la gestion du pouvoir et à l’organisation des élections pour octobre 2024.

Le gouvernement fraîchement formé de Success Masra, composé de 30 ministres et 11 secrétaires d’État, affiche des similitudes frappantes avec son prédécesseur, le Premier ministre démissionnaire Saleh Kebzabo. Malgré quelques changements, le triptyque crucial défense-administration du territoire-sécurité publique demeure invariable.

Des figures notables persistent dans ce nouvel alignement ministériel, notamment le diplomate expérimenté Mahamat Saleh Annadif, qui continuera à piloter la diplomatie tchadienne. On remarque aussi la présence de personnalités telles que Tom Erdimi, l’ex-chef rebelle, maintenu au ministère de l’Enseignement supérieur, et Tahir Hamid Nguilin aux Finances.

Cependant, l’absence de certains acteurs politiques majeurs, tels que Laoukein Medard, soulève des interrogations sur les dynamiques politiques au sein du nouveau gouvernement.

Cette formation ministérielle s’inscrit dans un contexte de multiples crises sociales, en particulier dans le secteur éducatif, ainsi que dans une période de préparation cruciale pour les élections prévues en octobre 2024, marquant la fin de la transition.

Les défis à relever

La nomination de Success Masra soulève des questions essentielles concernant sa marge de manœuvre dans la conduite du pays et la cohabitation au sein de la transition avec un passé de lutte contre le régime d’Idriss Déby.

Dans une interview accordée à Nafissa Amadou, Baïdessou Soukolgue, directeur exécutif de l’Institut électoral pour une démocratie durable en Afrique (EISA), met en lumière les défis à relever. Il évoque la complexité des enjeux sociaux, notamment dans le domaine éducatif, et la pression liée à l’organisation d’élections transparentes et démocratiques.

Soukolgue souligne également les implications de la présence passée de Success Masra dans l’opposition à Idriss Déby, suscitant des questionnements sur la dynamique de cette cogestion de la transition.

Le Tchad entre dans une phase cruciale de son histoire politique, marquée par des attentes fortes en matière de gouvernance, de stabilité sociale et de démocratisation. Le rôle de Success Masra et son équipe dans ces événements à venir s’avère crucial pour l’avenir du pays.

JACQUES ROGER