USTICE đ©ââïž: SĂNĂGAL đžđł GUINĂE đŹđł DĂCĂS DâUN AVOCAT DU PREMIER MINISTRE KASSORY FOFANA A LA VEILLE DE LâOUVERTURE DE SON âPROCĂS â LE 15 MARS 2023
JUSTICE đ©ââïž: SĂNĂGAL đžđł GUINĂE đŹđł
DĂ©cĂšs de l’avocat sĂ©nĂ©galais, maĂźtre Ousmane Seye. Il Ă©tait constituĂ© pour la dĂ©fense du Dr Ibrahima Kassory Fofana. Son dĂ©cĂšs intervient Ă la veille de l’ouverture du procĂšs (15 mars) de l’ancien premier ministre guinĂ©en, accusĂ© de corruption.

QUI ĂTAIT ME SEYE?
PrĂ©sident du parti politique, le « Front RĂ©publicain », membre de la coalition prĂ©sidentielle « Benno Bokk Yaakaar », vice-prĂ©sident du Haut conseil des collectivitĂ©s territoriales (Hcct), Me Ousmane SĂšye a tirĂ© sa rĂ©vĂ©rence. Il Ă©tait lâune des figures du barreau de Dakar. Un avocat courageux et brillant. Un fervent dĂ©fenseur des droits humains. Portrait.
Me Ousmane SĂšye, la soixantaine consommĂ©e, Ă©tait un avocat au verbe haut. Au sein du barreau, il avait la rĂ©putation de «bagarreur», de «teigneux». «Sa plus grande stratĂ©gie, câest dâĂȘtre teigneux, de ne jamais baisser la garde, dâaller jusquâau bout. Ce nâest pas parce quâon a perdu en instance ou en appel quâon dĂ©missionne. Il fait partie des avocats qui ne dĂ©missionnent jamais lorsquâils estiment avoir raison. Il va jusquâau bout de sa bagarre», tĂ©moignait Me El Hadji Amadou Sall parlant du dĂ©funt.
Inscrit au tableau de lâordre des avocats de Dakar en 1985, il a capitalisĂ© prĂšs dâune quarantaine dâannĂ©e dâexpĂ©rience.
Le teint noir, souvent emmitouflée dans des costumes high-class, Me Ousmane Séye était monogame et pÚre de quatre enfants.
Son bureau sur lâavenue Peytavin, rĂ©sume sa vie, par lâornement. Dâabord, tout est pour lui, une question de « foi », matĂ©rialisĂ©e, par un dessin quâil prĂ©sente comme une image du ProphĂšte Mohamed (Psl) accrochĂ©e Ă lâentrĂ©e, au-dessus. De lĂ , lâon fait face au dernier sermon prononcĂ© par lâenvoyĂ© de Dieu, la photo du guide de lâavocat, Serigne Saliou MbackĂ©. Parce que MaĂźtre SĂ©ye est mouride. Autres attaches symboliques : sa prestation de serment, ses enfants, sa table dâĂ©tudiant etc.
Orphelin de pĂšre, trĂšs tĂŽt, il grandit avec sa mĂšre, « une brave femme », se souvient le journaliste Abdou Latif Coulibaly. CâĂ©tait Ă Kaolack oĂč il passe pour le « garçon turbulent ». ArrĂȘtĂ© une fois aprĂšs un problĂšme avec le gouverneur, interdit de sortir du territoire avec une menace dâexclusion en cas dâĂ©chec au Bac, une voiture de police conduira le turbulent Ă©lĂšve du lycĂ©e Gaston Berger au centre dâexamen. Ăa lui porte bonheur : il est admis avec mention.
Me Ousmane SĂšye Ă©tait aussi un «excellent footballeur», selon des tĂ©moignages, capitaine de son Ă©quipe, Ă lâoccasion des navĂ©tanes ou des compĂ©titions scolaires.
« Câest un homme dâune gentillesse remarquable, affable, avenant, gĂ©nĂ©reux, le bon pĂšre de famille, trĂšs solidaire de sa famille et de ses amis. Sa mĂšre ne voulait pas du football. Elle tenait Ă la rĂ©ussite de son petit garçon. Lui aussi en Ă©tait conscient Ă une Ă©poque oĂč les Ă©lĂšves pensaient au prix du concours gĂ©nĂ©ral ou devenir de grands avocats, des mathĂ©maticiens, des mĂ©decins », tĂ©moignait Latif Coulibaly.
Fervent dĂ©fenseur des droits de lâhomme, Me Ousmane SĂšye est de ceux qui ont mis sur pied lâOrganisation Nationale de dĂ©fense des droits de lâhomme (ONDH) dont il a assurĂ© la Vice- PrĂ©sidence.
Il sâest retrouvĂ© dans de nombreuses procĂ©dures ou de simples SĂ©nĂ©galais avaient subi la loi du plus fort, celle dâune administration hyper centralisĂ©e et qui foulait au pied les intĂ©rĂȘts de ses simples citoyens. Il a dĂ©fendu de simples citoyens contre des prĂ©fets qui, Ă lâĂ©poque, Ă©taient hyper puissants et redoutĂ©s.
Il a Ă©galement dĂ©fendu des hommes politiques contre la puissance publique. Entre autres, Talla Sylla, de lâAlliance JĂ«f-JĂ«l, Abourahim Agne, leader du Parti de la RĂ©forme, poursuivi et emprisonnĂ© pour « incitation Ă la rĂ©volte ».
Dans le conflit «Idy-Wade », il a Ă©tĂ© le plĂ©nipotentiaire du PrĂ©sident de la RĂ©publique dâalors, Abdoulaye Wade, dans les nĂ©gociations avec son ancien Premier Ministre, Idrissa Seck, emprisonnĂ© pendant sept mois, officiellement, pour «atteinte Ă la sĂ»retĂ© de lâEtat ».
Me Ousmane SĂ©ye est aussi connu pour avoir dĂ©fendu beaucoup de journalistes, comme Mame Less Dia, Directeur de publication du journal Le Politicien, Boubacar Diop, Directeur de Promotion, Abdou Latif Coulibaly, Directeur de lâIssic. Pendant longtemps, il a reprĂ©sentĂ© lâordre des avocats au conseil pour le respect de lâĂ©thique et de la dĂ©ontologie (Cred), lâancĂȘtre du Cored (Conseil pour lâObservation des rĂšgles dâĂ©thique et de dĂ©ontologie) de la presse.
Câest que entre Me SĂšye et la presse, câest une histoire de destin manquĂ©. En effet, lycĂ©en, il cĂŽtoyait les premiĂšres promotions du Cesti dont faisait partie un de ses oncles. Il sâest aussi initiĂ© Ă la pratique en animant des journaux de lycĂ©e, en participant Ă des magazines littĂ©raires comme « CĂ©nacle», animĂ© Ă lâĂ©poque par un certain Adama Gaye. « si je nâĂ©tais pas devenu avocat, je serais devenu un journaliste », lançait-t-il en 2012.
Câest donc le barreau, la sphĂšre politique, la presse, sa famille et tous les dĂ©fenseurs des droits humains qui sont orphelins avec la disparition de Me Ousmane SĂšye.
Il venait Ă peine de la Mecque. Que Dieu lâaccueille au Paradis !
SOURCE: SENE1