LE DÉPARTEMENT DU TRÉSOR DES ÉTATS-UNIS SANCTIONNE L’ANCIEN PRÉSIDENT ALPHA CONDÉ POUR DE GRAVES VIOLATIONS DE
Les États-Unis sanctionnent l’ancien président de la Guinée, Alpha Condé, pour son lien avec de graves violations des droits de l’homme. Cette décision du Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du département du Trésor des États-Unis est l’aboutissement d’une enquête et d’une procédure approfondies et pluriannuelles. Ni cette décision ni le moment de son annonce ne sont liés à la transition en cours vers la démocratie de la Guinée. La promotion du respect des droits de l’homme est au cœur de la politique étrangère des États-Unis, et cette décision souligne notre engagement à soutenir les droits de l’homme dans le monde.

Au cours de la présidence de Condé, les forces de sécurité se sont livrées à des violences contre les partisans de l’opposition avant le référendum constitutionnel de mars 2020 et pendant et après l’élection présidentielle guinéenne de 2020. Début 2020, Condé a ordonné aux ministres de créer une unité de police chargée de répondre aux manifestants anti-Condé, en recourant à la violence si nécessaire. Les rapports indiquent qu’en 2020, le gouvernement a arrêté et détenu arbitrairement des membres de l’opposition. Dans la foulée de l’élection présidentielle guinéenne d’octobre 2020, les forces de sécurité ont utilisé une force excessive pour disperser les partisans de l’opposition. Entre autres incidents, les forces de sécurité ont tiré à balles réelles sur des foules qui s’étaient rassemblées pour célébrer l’annonce de l’opposition de Condé, tirant sur deux mineurs, tuant l’un d’eux et tirant sur l’autre dans le dos alors qu’il fuyait les forces de sécurité. Après l’élection d’octobre 2020, les forces de sécurité ont tué plus d’une douzaine de personnes, certaines d’entre elles tuées à bout portant, qui ne représentaient aucun danger immédiat pour les forces de sécurité. Alpha Condé est donc désigné en vertu du décret présidentiel (E.O.) 13818 comme étant une personne étrangère qui est ou a été un dirigeant ou un responsable d’une entité, y compris toute entité gouvernementale, qui s’est livrée, ou dont les membres se sont livrés, à des graves violations des droits de l’homme en rapport avec son mandat.
Condé figure sur une liste de plus de 40 autres personnes sanctionnées aujourd’hui, ce qui coïncide avec la Journée internationale des droits de l’homme et la Journée internationale de lutte contre la corruption. “Au cours de l’année écoulée, le Trésor a fait de la lutte contre la corruption et les graves violations des droits de l’homme une priorité absolue”, a déclaré la Secrétaire au Trésor, Janet L. Yellen. Les États-Unis continueront à promouvoir la responsabilisation des auteurs de violations des droits de l’homme et des acteurs corrompus dans le monde entier.
Pour plus d’informations sur la décision d’aujourd’hui, veuillez consulter le communiqué de presse du département du Trésor et le communiqué de presse du departement d’État.
Alpha Condé et Karim Keïta sanctionnés par les USA pour violations des droits humains et corruption
(Agence Ecofin) – Les USA ont publié une liste de plus de 40 personnes et entités dans neuf pays, sanctionnées pour des raisons de corruption et d’atteintes aux droits humains. Deux ex-dirigeants ouest-africains y figurent.

L’ancien président de la Guinée, Alpha Condé (photo), et le fils de l’ancien président malien Ibrahim Boubacar Keïta, Karim Keïta, sont, tous les deux, accusés par le Bureau de contrôle des actifs étrangers (OFAC) du Département du Trésor américain de, respectivement, graves violations des droits de l’homme en guinée et corruption au mali. L’information a été rendue publique vendredi 9 décembre par le gouvernement des Etats-Unis.
Selon la note d’information, les forces de sécurité guinéennes ont commis des actes de violence contre les partisans de l’opposition d’Alpha Condé jusqu’au référendum constitutionnel de mars 2020, pendant et après l’élection présidentielle guinéenne d’octobre de la même année, qui s’est soldée par la victoire de ce dernier pour un troisième mandat.
« Entre autres incidents, les forces de sécurité auraient tiré à balles réelles sur des foules qui s’étaient rassemblées pour célébrer l’annonce de la victoire de l’opposition de Condé et ont tiré sur deux mineurs, en tuant un, et ont tiré sur un autre dans le dos alors qu’il s’enfuyait. Après l’élection d’octobre 2020, les forces de sécurité auraient tué plus d’une douzaine de personnes, y compris des personnes tuées à bout portant qui ne présentaient aucun danger immédiat pour les forces de sécurité », explique la note d’information.
Concernant Karim Keïta, les USA l’accusent d’avoir utilisé sa position pour recevoir des pots-de-vin, attribuer des contrats à des sociétés affiliées, et détourner des fonds publics en surpayant des contrats de matériel. Les faits se seraient déroulés entre février 2014 et août 2020, alors qu’il était président de la Commission de sécurité et de défense de l’Assemblée nationale du Mali. Il aurait, en outre, organisé l’enlèvement, la torture et le meurtre apparent de Birama Touré, un journaliste qui enquêtait sur l’implication de Keïta dans la corruption.
« De multiples témoins affirment avoir vu Touré dans une prison gérée par les services de renseignement maliens, avec des signes évidents de torture brutale. Au moins un témoin a affirmé avoir vu le corps apparemment sans vie de Touré sortir de la prison en présence de Keita », révèle le communiqué du Département d’Etat américain.
En conséquence de ces accusations, l’OFAC a décidé de « bloquer tous les biens et intérêts dans les propriétés » des deux personnalités incriminées se trouvant aux États-Unis ou en possession ou sous le contrôle de personnes américaines. La note d’information précise que la mesure concerne également toutes les entités qui sont détenues, directement ou indirectement, à 50 % ou plus, par l’ex-président Alpha Condé et Karim Keïta.
Notons que Karim Keïta s’est exilé en Côte d’Ivoire, où, selon le gouvernement américain, il occupe le poste de PDG de Konijane Strategic Marketing. Quant à Alpha Condé, il vit en exil en Turquie alors que la justice guinéenne l’a inculpé pour crimes de sang.
Jean-Marc Gogbeu