Dans le sillage des agences Fitch et Moody’s, Bloomfield Investment se montre perplexe quant à la situation actuelle de la Côte d’Ivoire. L’agence a révisé à la baisse son Risque Pays en attribuant une note de 5,7 (sur 10) avec une perspective négative dans une étude qu’elle vient de publier. L’année dernière, la Côte d’Ivoire avait bénéficié d’une note de 6,1 avec la même perspective négative.

L’étude a été présentée ce 17 septembre à la faveur de la désormais traditionnelle conférence Risque Pays que l’agence organise chaque année.

Selon l’échelle de Bloomfield Investment (qui part de 0, risque systémique, à 10, risque quasi-nul), la Côte d’Ivoire est déclassée dans la fourchette de 4 à 6 qui traduit un ” risque modéré “, alors qu’en 2019 elle jouissait d’un ” risque faible ” (fourchette 6 à 8). En cause, la crise de la Covid-19 mais également les crispations politiques et sociales autour de la présidentielle de ce 31 octobre.

A l’analyse, si des indicateurs à la base de cette évaluation comme le ” Climat des affaires “, la ” Gestion des finances publiques ” et la ” Solidité du système financier ” sont restés stables, ceux de la ” Performance macroéconomique ” et du ” Risque sociopolitique ” ont tous deux replié, passant respectivement de 8 à 7 et de 4,5 à 3,5.

” (…) la persistance des tensions sociales et la pandémie de la Covid-19 auront des incidences non négligeables sur l’économie et pourraient fragiliser le secteur privé ” souligne le rapport. Egalement, ” le 3ème mandat du président sortant, l’exclusion de personnalités politiques de la liste électorale et les manquements présumés de la CEI ont principalement exacerbé les tensions politiques à l’approche de l’élection présidentielle “, constate le document.

A cela, il faut ajouter le risque sécuritaire persistant dans la zone du Sahel qui reste une menace pour les pays côtiers, la Côte d’Ivoire ayant subi en juin dernier une attaque terroriste non loin de sa frontière avec le Burkina.

Le rapport dont l’objectif est d’aider les investisseurs, ayant des projets ou des intérêts dans le pays, à disposer d’une grille de lecture précise sur l’état des lieux de la Côte d’Ivoire avec ses forces et ses faiblesses, n’est cependant pas ” une évaluation de la qualité de crédit ” précise toutefois Bloomfield.

” Malgré les bons fondamentaux du pays, il suffit qu’il y ait quelques tensions politiques pour susciter de grandes frayeurs, surtout pour un pays qui sort de conflit … “, a commenté Stanislas Zézé, le patron de l’agence de notation. ” Le rapport, a-t-il ajouté, est une cartographie du pays à un moment donné, il est dynamique et est sujet à des ajustements selon les circonstances “.

Jean Mermoz Konandi

Publié le 17/09/20 18:30