Côte d’Ivoire : une infox provoque des actes de violences sur les Nigériens à Abidjan
(Agence Ecofin) – Avec l’expansion de l’internet et des médias sociaux, les infox font des ravages et les algorithmes des plateformes ont toujours autant de mal à lutter contre le phénomène.

Une vidéo non datée où l’on voit des personnes torse nu, ligotées, en train d’être maltraitées, a été à l’origine de violences sur les Nigériens dans la commune d’Abobo à Abidjan, mercredi 19 mai.
Les personnes dans la vidéo ayant été présentées à tort comme des « migrants ivoiriens » maltraités par l’armée nigérienne, de jeunes ivoiriens qui visiblement n’ont pas cherché à vérifier l’information, ont exercé des actes de représailles sur les Nigériens vivant dans cette commune.

En effet, après avoir visionné cette vidéo, des Ivoiriens armés de gourdins et de machettes se sont attaqués aux Nigériens vivant dans cette commune abidjanaise. On dénombre des dizaines de Nigériens lynchés, leurs commerces et biens pillés et saccagés.
Or, la vidéo aurait été tournée au Nigeria, au cours d’une opération militaire. Selon plusieurs sources, les individus maltraités, présentés comme ivoiriens, seraient des membres présumés de Boko Haram appréhendés par l’armée nigériane. A l’origine de la manipulation, une jeune internaute ivoirienne, indique-t-on.
Face à cette situation qui risquait d’empirer, plusieurs voix au Niger et en Côte d’Ivoire se sont élevées pour appeler au calme et à la retenue.

C’est ainsi que le consul honoraire de la Côte d’Ivoire au Niger, Victor Akesse, s’exprimant sur les chaînes de télévision ivoiriennes, s’est dit choqué par les images de cette déferlante de violences gratuites.
« Il n’y a pas d’Ivoiriens maltraités au Niger », a-t-il martelé sur la Radiodiffusion Télévision Ivoirienne (RTI), la chaîne de télévision publique généraliste de Côte-d’Ivoire. « Nous vivons en parfaite symbiose avec les Nigériens », a-t-il tenu à préciser.
Une sortie qui a visiblement calmé la tension. En effet, jeudi 20 mai, les scènes de violences ne se sont pas poursuivies. Cependant, de nombreux Ivoiriens vivant à Niamey redoutent des actes de représailles.
Youssouf Sériba
